La sécularisation dans une société musulmane est l'équivalent de l'apostasie (info # 010902/11) [Analyse]
Par Ilan Tsadik © Metula News Agency
Dans la frénésie de soutien à la révolution égyptienne, nombreux sont ceux qui ramènent les images de la foule en colère à leur interprétation "européenne" des événements. Il est vrai qu’ils sont encouragés dans cette voie, notamment en France, par la quasi-totalité des media, particulièrement par les chaînes de télévision.
La palme à France 24, où l’on a pu voir une journaliste s’en prendre frontalement à un invité qui tentait de tempérer l’enthousiasme général en faveur des occupants de la place Tahrir. A ce titre, France 24 adopte une ligne rédactionnelle carrément engagée, ressemblant à s’y méprendre à celle de la chaîne privée du cheikh du Qatar, la fameuse Aljazeera.
Aljazeera, qui distingue entre les "combattants pour la démocratie" – les anti-Moubarak s’entend – et les porte-flingues du pouvoir. Sur un autre canal tricolore, on a pu entendre un politologue affirmer que le régime avait "acheté avec un sandwich" les manifestants soutenant le gouvernement en place. Madame Moubarak a ainsi certainement eu à préparer pour son mari des centaines de milliers de petits pains beurrés.
Sur une autre chaîne de l’Hexagone, on a appris que ceux qui brandissaient des posters du raïs étaient des paysans illettrés et facilement manipulables.
A nous d’être limpides dans notre argumentation : il est plus que probable que le régime et l’armée aient incité leurs partisans à descendre dans la rue afin de s’opposer à la mainmise des tenants du renversement de leur président. Il est non moins vraisemblable que des membres des forces de sécurité aient aidé à l’organisation des contre-manifestations, et que certains y aient participé ; dans les conditions qui prévalent, il aurait été surprenant que le régime se laisse molester sans opposer la moindre réaction.
Là s’arrête à peu près ce que nous sommes disposés à entendre. Pas tout-à-fait toutefois : il nous faut rappeler deux constances indéniables de l’épisode en cours : d’une, le régime à la tête de l’Egypte depuis le temps des pharaons, est un pouvoir autoritaire, dictatorial et corrompu jusqu’à la moelle. Il se maintient par l’usage méthodique de la force et de l’encadrement de la population. De deux, il y a, sans aucun doute sensé, des dizaines de milliers d’Egyptiens effectivement occidentalisés, qui aspirent, le plus honnêtement du monde, à la liberté et à l’avènement de la démocratie comme système de gestion de leur pays.
Entre les militaires et leurs barbouzes et les Frères Musulmans et leurs objectifs, c’est assurément vers cette courageuse minorité que va la sympathie de tous les autres démocrates.
Mais d’ici à se laisser persuader que les "combattants pour la démocratie" ne sont pas aussi instrumentalisés que les pro-Moubarak, ne comptez pas sur nous… Sur nous pour chanter avec les bienpensants manichéens : "il est gentil Monsieur Pignon, il est méchant Monsieur Brochant" ; nous les laisserons seuls se rendre à leur dîner de cons, où les chaises demeurées vides se font rares.
Car l’autre mythe, aimablement propagé par les anthropoïdes médiatiques, voudrait que les anti-Moubarak soient, pour la plupart, des gens éduqués, laïcs, pacifistes, et surtout, qu’ils agissent spontanément.
Avant de nous occuper de ces candides confrères, dangereux pour toute l’espèce, il nous faut effectuer une mise au point préalable : nous demandons qu’Aljazeera exige, exactement comme elle le fait 24 heures sur 24 pour l’Egypte, l’instauration de la démocratie au Qatar, le départ du patron, le cheikh Hamad bin Khalifa Al Thani et des élections libres. Jusqu’à ce que cela ne se réalise, on sera bien obligé de considérer cette télévision comme un outil de propagande, dénué du moindre fondement éthique et de toute démarche authentiquement informationnelle. La télévision d’une dictature n’est pas habilitée à exiger une révolution démocratique dans un pays tiers.
Ensuite, concernant les gentils éduqués, laïcs, non-violents spontanés, on se demandera si des pacifistes authentiques auraient bouté le feu à des gratte-ciels, comme on l’a vu, en direct sur nos écrans cathodiques ou plasma ? Quelqu’un, parmi nos lecteurs, est-il conscient de la logistique nécessaire pour obtenir que des immeubles de ces hauteurs brûlent dans leur totalité ?
Certains s’imaginent peut-être qu’il suffit de lancer un cocktail Molotov, au hasard, par une fenêtre, pour parvenir à cette fin… Je vous assure, quant à moi, que c’est beaucoup plus compliqué, et que, faute d’une organisation complexe, on n’allume pas même un feu d’artifice.
Spontanés, disent-ils ? Un beau matin de la révolte, les protestataires se sont dit : "tiens, nous commençons à nous ennuyer, pourquoi ne pas nous distraire un peu en attaquant méthodiquement, au fusil d’assaut et au marteau-piqueur, toutes les prisons du Caire et en les vidant de leurs détenus, en tuant les gardiens au passage, s’ils résistent ?". Et il y en a qui ont résisté, et qui sont morts.
Et les prisonniers politiques – ceux enjôlés pour leurs seules activités politiques – ne constituaient pas un pourcent des individus libérés !
La vaste majorité des captifs étaient des droits communs, d’autres, des terroristes confirmés, ayant été jugés et condamnés pour la perpétration, voire la préparation d’actes criminels. A l’instar d’Ayman Nofal, ce caïd du Hamas, récemment revenu à Gaza après avoir été libéré au Caire par la foule "spontanée". La mission de Nofal consistait à retrouver, puis à abattre les Palestiniens affiliés au Fatah (les "laïcs"), de passage en Egypte.
Quant à l’attaque de la station de pompage du gazoduc égyptien près d'El-Arish, dans le nord du Sinaï, à un jet de cocktail Molotov de notre frontière, elle n’est certes pas due à une bande de joyeux campeurs. Elle prive temporairement la Jordanie et Israël de leur approvisionnement énergétique, et l’Egypte d’une part significative de ses revenus.
Cette explosion fournit, de plus, un prétexte à l’Etat hébreu, pour, s’il le désire, dénoncer le contrat à long terme qui le lie aux gaziers du Sinaï. Au moment où Israël s’apprête à exploiter ses immenses gisements au large d’Haïfa, voilà qui pourrait s’avérer tentant. Et coûter cher aux Egyptiens, qui doivent déjà mettre une croix (même s’ils n’en ont pas l’habitude) sur leur industrie d’exportation no.1, le tourisme.
Car Ilan ne voit pas bien les 13 millions de vacanciers étrangers revenir en courant visiter les pyramides, en slalomant autour des pavés que les pros et antis se jettent au visage. Entre vacances à la mer et vacances au ski, il faut faire un choix clair !
N’est-ce pas, Mme Alliot-Marie ? Toutes les stations de villégiature ne sont pas non plus équipées d’un aéroport ouvert les jours de révolution… Il est évident qu’il existe des différences fondamentales entre la révolte tunisienne et l’égyptienne, que les commentateurs s’habituent à cette idée !
13 millions de touristes, qui procuraient 11% du Produit Intérieur Brut et qui fournissaient du boulot à 12% des Egyptiens. Pris entre les deux murs d’eau de la Mer Rouge en train de se refermer sur la place El Tahrir, on pense qu’on sera bientôt contraint de cesser d’organiser des courses de chameaux pour pouvoir les manger.
Il ne manquerait plus que les "manifestants spontanés" réussissent à bloquer le Canal de Suez pour renvoyer le pays à l’époque dite du sable soufflé. Epoque qui, comme tout le monde le sait, a précédé de dix siècles celle de la pierre empilée, durant laquelle on construisit les célèbres pyramides de Khephren, Khéops et Mykérinos.
Reste que les requins du Mossad, que le ministre du Tourisme cairote – en voilà un qui n’a pas volé son coup de pied aux fesses par exemple -, accusait, en décembre, d’avoir avalé des vacanciers allemands au large de la station balnéaire de Sharm El Cheikh, se sont mis en grève. Les squales raffolaient de ces repas de viande (plus ou moins) délicatement rosée, gavée dès l’enfance à la Bratwurst et aux Kartoffeln. Et on voudrait, à Eilat, les obliger désormais à se nourrir de houmous en boîte et de fallafels surgelés. Attentions, les requins mordent !
Revenons aux choses tristes, avec votre permission… Quand quatre mouquères voilées, le corps couvert jusqu’au dernier orteil, interpellent un reporter de la BBC sur le square El Tahrir pour lui parler de liberté et de démocratie, les consœurs de France 24, d’I-Télé, de LCI, d’Euronews, de TV-5 et de BFMTV et moi ne regardons pas la même chose.
Elles, elles veulent voir des femmes incapables d’attendre plus longtemps pour vivre dans un système politique qui ressemble au leur. Moi, quatre êtres humains excisés, qui n’ont qu’une idée très vague de la signification des paroles qu’elles prononcent. Car, en Egypte, 96% des femmes - chrétiennes et musulmanes confondues, de 15 à 49 ans - sont excisées, au couteau de cuisine ou à la lame de rasoir, mais cela, la plupart de nos collègues européens l’ignorent, et les autres préfèrent ne pas y penser.
Ces chiffres, proprement monstrueux, émanent d’une étude de l'UNICEF, menée en 2006 auprès de 20.000 femmes âgées de 15 à 49 ans et issues des horizons sociaux, géographiques et religieux les plus divers. Cette enquête est corroborée par des dizaines d’autres, aboutissant toutes aux mêmes pourcentages, à quelques décimales près.
Et les opposants à cette pratique sont à chercher de l’autre côté des barrières, chez les paysans illettrés, stipendiés à coups de sandwichs. Je n’ai jamais penché en faveur des autocrates ni de leurs épouses, mais c’est celle d’Hosni Moubarak, qui, après s’être essuyé les mains à une serviette de cuisine du beurre des sandwichs, avait qualifié l’excision de "violation des droits humains", ajoutant : "les femmes ne doivent plus être privées de leur humanité". Suzanne Moubarak s’exprimait ès qualité de présidente du comité consultatif professionnel au Conseil national de la maternité et de l’enfance.
Cela aussi c’est un fait. Et quand on prétend informer, on n’escamote pas les faits qui nous dérangent, on les intègre à sa réflexion, même si cela rend les choses un peu plus compliquées, même si cela doit la modifier.
Il y a une dizaine d’années, le régime autoritaire toujours en place en Egypte avait voulu faire passer une loi criminalisant l’ablation du clitoris. Devant la pression menaçante des Frères Musulmans, le pouvoir avait dû amender son projet de législation en y incluant une dérogation pour les actes d’excision à des "fins médicales" (sic). Depuis, quatre-vingt-seize Egyptiennes sur cent ont été privées du droit d’être des femmes à part entière sur l’allégation que le maintien du clitoris favorisait la transmission du Sida, la nymphomanie et la prostitution. Les Frères Musulmans avaient, à l’époque, considéré la modification de la loi comme une grande victoire pour leur camp.
A force de confondre l’exigence du départ de Moubarak et la tenue d’élections libres avec l’instauration de la démocratie et le respect des droits fondamentaux de l’individu, Ilan est persuadé que les consœurs de France 24 et consorts en niaiserie font campagne, sans le savoir ou sans le réaliser, pour la généralisation de cet acte de boucherie.
Vu de Métula, l’Egypte se trouve actuellement à mille ans de la démocratie et à quelques mois du Moyen-Age.
Et pour ceux qui s’imaginent que l’on a tendance à exagérer la nocivité des Frères et des imams de l’université Al-Azhar, voici ce qu’affirme sur la question un certain Yusuf Al-Qaradawi, major de cette université, guide spirituel de la fratrie, et, accessoirement, maître à penser du caméléon venimeux Tarik Ramadan :
"Celui qui pense que l’excision peut avoir des effets positifs sur ses filles devrait la pratiquer, et, personnellement, je soutiens cette pratique que je juge nécessaire dans le monde moderne. L’excision améliore la santé de la femme et ses relations conjugales. (…) J’y suis favorable, surtout à notre époque".
Dans la version francophone de Wikipédia, qui ressemble de plus en plus fréquemment davantage à un organe de vulgarisation bienveillante de l’islam qu’à une encyclopédie populaire occidentale, voici cependant ce que l’on peut lire de la pensée d’Al-Qaradawi sur la page qui lui est consacrée :
"L’excision n'est donc ni recommandée ni encore moins obligatoire, d'après son étude" [Wikipédia dixit (sic)]. Et d’ajouter : "cependant, il souligne que cette permission est cadrée par des conditions strictes dont le non dépassement de l'effleurement à l'ablation".
Ouf, on respire tout de suite mieux, grâce à Wikipédia, en pensant qu’on laisse à certaines femmes un petit reliquat de clitoris ! Nul doute que les islamistes égyptiens sont l’avenir de la Femme.
A propos de la démocratie, telle que réclamée par ses ouailles en Place Tahrir, les fameux "combattants pour la démocratie", voici le point de vue du savant Al-Qaradawi :
"Tous les juristes musulmans s'accordent à dire que l'apostat doit être puni" et "pensent qu'accepter la sécularisation dans une société musulmane à la place de la charia est l'équivalent de l'apostasie".
Dans plusieurs Etats musulmans, on exécute les personnes reconnues coupables du crime d’apostasie. En Egypte, on se contente de les enfermer pendant de longues années. Pour le moment !
Yusuf Al-Qaradawi est également le téléislamiste attitré de… la chaîne de télévision… Aljazeera. Mais à la lecture de cet article, vous auriez pu le deviner seuls.
Et que ceux qui aimeraient encore croire que le guide Yusuf Al-Qaradawi serait un cas isolé, qu’il ne refléterait pas l’ambition du seul groupe organisé à même de prendre la succession d’Hosni Moubarak et de l’armée dans la vallée du Nil, voici un petit florilège d’avis d’imminents médecins de la même tendance :
Le chirurgien spécialisé de l’université Al-Azhar, le Dr. Mohammed Rifat Al-Bawwab, soutient que les femmes peuvent procéder à leur hygiène intime plus facilement en l’absence d’une partie de leurs organes génitaux. Il précise également que "le fait qu’il (le clitoris) soit saillant provoque des frottements contre les tissus notamment, ce qui détourne l’attention de l’adolescente vers des plaisirs non naturels qui pourraient développer chez elle une dépendance anormale et néfaste".
Pour le Dr. Ahmed Suleiman, de l’université du Caire, "l’excision est source de pudeur, d’honneur et d’équilibre psychologique".
Quant au Dr. Munir Mohammed Fawzy, spécialiste en gynécologie et en obstétrique à l’Ecole de médecine de l’Université Ein Shams : "l’absence d’excision est susceptible d’entraîner chez les filles des infections et parfois même des maladies".
Mais la défense du "droit d’exciser" constitue aussi l’une des propositions politiques du clan islamiste sur les rives limoneuses du Nil. Ce prétexte mutilant est ainsi instrumentalisé par la crème des intellectuels de ce bord, nombreux, ces jours, sur la place De la Liberté au Caire, aux fins de stigmatiser le projet allégué des Occidentaux de renverser l’islam.
Ainsi, le grand écrivain islamique Ahmed Abd El-Rahman, qui croit pouvoir écrire que :
"l’absence d’excision ouvre la porte à la dépravation et à la prostitution, comme en Occident, où l’on ignore cette nécessité humaine normale. Voulons-nous ressembler à l’Occident ?
Les publicités [contre l’excision] diffusées à la télévision ces jours-ci [c’était il y a dix ans environ] sont répugnantes parce que contraires à la Loi islamique (…). Leur objectif est de détruire la famille musulmane et de dégrader la société égyptienne".
Car cela aussi, les différents commentateurs naïfs feignent de l’ignorer, des pages de la presse française jusqu’à celles du New York Times : la révolution égyptienne, n’est non seulement pas un combat pour la démocratie, elle est également l’expression d’un rejet extrêmement violent des valeurs de l’humanisme, sauce euro-américaine, de même qu’un plaidoyer pour un repli sur les valeurs traditionnelles de l’islam.
J’ai, pour ma part, la faiblesse de croire plus facilement la prophétie d’Ahmadinejad, quant aux chances du Moyen-Orient d’accéder entièrement à l’islamisme, qu’à celles des intellos de l’Ouest, qui continuent à se persuader parmi que toute la planète rêve de leur ressembler.
Mais je n’ai jamais vu l’un de ces politologues, qui nous promettent que l’Egypte n’est pas l’Iran, que les Frères Musulmans ne sont pas le Diable, et que rien n’indique que l’Egypte deviendra forcément islamiste, aux premiers rangs de la lutte pour la libération de la population iranienne des mains de la théocratie qui la martyrise.
Dans six mois, si les dés s’arrêtent en Egypte sur la case Frères Musulmans, ils diront (ou ne diront pas), sans la moindre humilité et sans que cela ne porte à conséquence, pas même sur leur propre carrière ni sur leur façon de regarder le monde : "on" s’est trompé, et alors !
Alors ? Les terres réintégrées dans le Dar al-Islam ne sont jamais restituées à la sécularité sous peine de mort pour les musulmans qui les auront rendues. Le Moyen-Orient tout entier sombrerait dans les ténèbres de la barbarie et des guerres de religions. Et le bon peuple égyptien, qui ne possède déjà pas grand-chose, devrait se réhabituer à mourir comme piétaille pour des causes perdues d’avance, saisirait ce que signifie moins que pas grand-chose, et la différence qui existe entre l’autoritarisme qu’il a connu, et le totalitarisme, accroché par le cou aux flèches des grues, qui lui fait des clins d’œil.
L’unique chance d’amélioration, et elle n’est pas bien large, repose probablement dans les mains de l’armée et du vice-président Omar Suleiman. Il faudrait que ce dernier soit persuadé qu’il est possible de faire avancer un pays embourbé jusqu’aux essieux ; un pari quasi impossible et extrêmement risqué, lorsqu’observé de manière objective.
Mais les miracles, dans les transitions partant de la dictature pour parvenir ailleurs sont souvent l’œuvre d’un seul homme très courageux, disposé à sacrifier tout ce qu’il a pour donner une chance à son peuple, voir l’exemple Mikhaïl Gorbatchev. Je souhaite au peuple égyptien voisin que Suleiman ait l’étoffe d’un Gorbatchev ; et que le vice-président ne tombe pas sous les balles de "combattants spontanés pour la démocratie", comme cela a failli déjà être le cas, il y a quelques jours seulement.
Quant aux naïfs d’Occident, et à ceux qui sont curieux de suivre une expérience islamiste, sans savoir l’étendue des dégâts qu’elle peut entraîner : à moins de sombrer dans l’autosuggestion et la folie des gringos, ils doivent "immédiatement" et "sans délai" cesser de contempler le reflet déformé de leur propre image. Accepter ce qui leur est le plus insupportable : cesser de rêver d’un monde dans lequel tous les hommes leur ressemblent. Car l’Orient est profond et ses pas sont lourds ; il ne leur ressemble pas, et désire se différencier encore plus d’eux, car leur image ne l’attire pas. Il est vrai qu’ils ne lui ont presque rien donné.