voici un excellent article d'un journaliste palestinien qui travaille pour la Mena - Samy Elsaoudi -
prenez le temps de le lire - ça en vaut la peine.
Pas à tous les râteliers (info # 012403/11) [Analyse]
Par Sami El Soudi © Metula News Agency
Je tiens à commencer mon article d’aujourd’hui par l’expression de mon aversion face à la couverture effectuée par l’AFP de l’attentat de Jérusalem. Sensibilisé durant ces derniers mois par l’incitation à la haine entre les peuples et les communautés véhiculée par cette agence et les supports qui répercutent ses informations, j’avais demandé à mes camarades de la Ména de me signaler les excès les plus extrêmes perpétrés par ces "confrères".
Ce qu’ils m’ont fait parvenir hier est à peine croyable : de nombreux titres français, dont Le Monde et le Point, ont ainsi annoncé que "le bus visé, dont toutes les vitres ont volé en éclats, se dirigeait vers la colonie juive de Maalé Adoumim, en Cisjordanie", ajoutant la mention extraordinaire : "selon des témoins".
Il s’agit ni plus ni moins que de la justification artificielle de l’assassinat collectif terroriste, dans le sens où les auteurs de cet assassinat auraient, selon ces sources, visé intentionnellement des "colons" parmi la foule chamarrée de la gare des autobus. Cet acte deviendrait ainsi politique et non plus uniquement terroriste.
D’ailleurs, le mot "terroriste" n’apparaît dans la dépêche que lorsqu’il est cité par la police et un ministre israéliens. Mais pour bien souligner qu’il ne s’agit pas du point de vue de cette agence française ni de ces media, ce terme est placé entre guillemets et écrit en italique.
Cela tranche on ne peut plus avec la réaction des dirigeants de l’Autorité Palestinienne. Salam Fayyad, par exemple, a immédiatement déclaré : "Je condamne dans les termes les plus forts cette opération terroriste, quels qu'en soient les auteurs".
Pour nos représentants légitimes, on est donc en présence, sans la moindre ambiguïté, d’une "opération terroriste", sans guillemets et sans italiques, et il n’est nulle part question de "colonies", ni de la moindre tentative de justification voire d’une explication de cet acte. Au contraire.
AFP/Media français : feu à volonté sur les Juifs ! No respect ! Ou la prépotence de l’info-fiction clairement antisémite. Si l’AFP et les media français se considèrent plus pro-palestiniens que Salam Fayyad, c’est qu’ils ont un sérieux problème ; mais ce ne sont pas nos amis – ça n’est pas ainsi qu’on aide notre cause – c’est avec les Juifs que ces gens ont un problème. Nous n’avons que faire de l’aide d’antisémites pathologiques ressentant le besoin de faire mentir leurs mots et d’inventer des situations afin d’assouvir leur haine.
Notre position n’a rien à faire avec le problème de ces racistes. M. Fayyad a exprimé de façon limpide ce que ce genre d’acte amène à la cause palestinienne : "Il est honteux, après tous les torts causés à notre peuple par de telles opérations, qu'il se trouve encore des parties palestiniennes pour continuer à justifier de tels actes, sous des slogans et des appellations creuses totalement incompatibles avec notre quête légitime de liberté par des moyens pacifiques". Visiblement, sans en être conscient, notre 1er ministre n’a pas uniquement stigmatisé les plus cannibales des "parties palestiniennes". Ses propos s’appliquent parfaitement à l’AFP et à ses "revendeurs de fiel".
Ce, d’autant plus que l’information ainsi convoyée est totalement fausse : ça n’était pas le bus de l’implantation [France 24 a commencé à utiliser le terme correct d’implantations au lieu de colonies, et cela ne l’a aucunement empêché d’exprimer tout ce que ses journalistes avaient à dire. Ndlr.] de Maalé Adoumim qui était "visé" : La bombe, qui faisait un à deux kilos, et qui a, plus que probablement, été activée par une minuterie afin de permettre au(x) terroriste(s) de s’éloigner de la scène de l’assassinat sans être pris [1], n’était pas placée dans un autobus, ou près d’un autobus, mais dans une cabine téléphonique. La personne décédée, une ressortissante britannique de 59 ans, ne se trouvait d’ailleurs pas dans le bus en question [source : la police de Jérusalem].
Des gens ont été blessés par les petites billes de fer que contenait l’engin jusqu’à une distance de 300 mètres du point de l’explosion. C’est, contrairement à ce qu’affirme l’AFP, par le plus grand des hasards si l’autobus qui passait à proximité se rendait, entre autre, à l’implantation de Maalé Adoumim. Les abribus situés de part et d’autre du téléphone public desservent des dizaines de lignes différentes. Des milliers de musulmans empruntent aussi quotidiennement la station centrale de bus de Jérusalem ; ils auraient très bien pu être tués à l’occasion de cet assassinat aveugle. La palme de l’indécence journalistique revient tout de même à Europe 1, qui, dans un article que m’a envoyé et traduit Ilan Tsadik, écrit en sous-titre, sous une photo du bus endommagé : "Une bombe dans un bus reliant une colonie".
Cela dénote d’un dédain complet de l’information, du public et des Israélites, que de transporter a posteriori une bombe d’une cabine téléphonique à un autobus, dans l’unique but de trouver une justification à des assassins terroristes. Quant aux "témoins", dont fait état l’AFP et ses échotiers malfaisants en France, de quoi pouvaient-ils bien être les témoins ? De ce que l’autobus qui passait à proximité – il en passe des milliers par jour à cet endroit - et qui a été endommagé par l’explosion se rendait à Maalé Adoumim ? N’était-il pas plus sûr, plus professionnel et plus efficace de regarder le numéro du car en question pour savoir où il se rendait ? Le 74 relie en effet – et je n’ai pas eu recours à des témoins ! - le quartier de Givat Shaul à celui d’Har Homa ; un quartier juif en construction sur des terrains confisqués dans la partie arabe de la ville. La correspondante de l’AFP sur les lieux avait-elle aussi besoin de témoins pour constater que le flanc du bus donnant côté trottoir était partiellement détruit ?
Rien de cela ne tient l’eau…
L’usage du mot "témoins" – alors que ceux-ci ne peuvent témoigner de rien du tout – incite subconsciemment le lecteur de ces dépêches à se convaincre que la bombe visait précisément le bus qui se rendait dans une "colonie". Mais si un seul témoin avait fait cette constatation, au regard de ce que l’on sait des circonstances de l’attentat, il s’agirait d’un illuminé, d’un extraterrestre ou d’un menteur.
Et puisque ça n’est manifestement pas le cas, puisqu’il n’y avait pas matière à effectuer cette constatation, on est encore une fois en présence d’une manipulation malveillante de l’information. Ces procédés sont infâmes, ils sont le reflet d’une profession malade dans un pays donné, hantée par une haine morbide dirigée contre un peuple spécifique. Les Palestiniens doivent, à tout prix, garder leurs distances avec cette pandémie.
Autrement, on sait également que la bombe qui a été utilisée était de fabrication artisanale. Rien ne permet, sur la base de l’attentat d’hier, de prévoir une recrudescence de ce genre d’actes à l’avenir. Rien n’autorise non plus à lier cet assassinat collectif aux événements de Gaza. Les insurrections dans les pays voisins excitent l’imagination des Palestiniens les plus remontés ; certains pensent que c’est également le moment pour eux de tenter quelque chose, et que, faute d’essayer, ce sont des lâches. Quant à la situation à Gaza, les nouvelles agressions gratuites du Hamas et des autres organisations islamistes sont occasionnées par deux causes : la première est l’afflux massif d’armes et de munitions depuis le renversement d’Hosni Moubarak ; à la frontière de Rafah, le manque de motivation des soldats d’outre Canal de Suez a encore augmenté depuis la mise à l’écart du dictateur, de même que les proportions qu’a prises la corruption.
L’autre facteur poussant le Hamas à provoquer l’armée israélienne est à chercher dans les tentatives de rapprochement entre les deux grands courants palestiniens. Un rapprochement vivement souhaité par les populations de la Bande et de Cisjordanie. Un vœu pieux, en vérité, entretenu par ceux qui ne saisissent pas la nature et les objectifs de la Résistance Islamique, même par certains de ses propres membres influents. Les dirigeants du Hamas à Damas savent pertinemment, qu’en cas de réunification des deux territoires palestiniens, ils auraient, d’une manière ou d’une autre, à rendre les clés de leur califat à Mahmoud Abbas. Or ils n’ont pas fomenté une guerre civile contre le Fatah pour en arriver là.
L’idéal du Hamas et des Frères Musulmans ne comprend pas l’amélioration de la qualité de vie de mon peuple, le développement économique et celui de l’agriculture. Et c’est encore sans parler du statut des femmes, de l’égalité confessionnelle et de la démocratie, que les islamistes considèrent comme des slogans empruntés au diable.
Pourtant, il ne me semble pas surhumain de réaliser que si ces choses qui vous paraissent évidentes pour un parti de gouvernement avaient un tant soit peu intéressé Hanya, Mashal et leurs sponsors, le 12 septembre 2005, alors que le dernier Israélien quittait la Bande de Gaza, ils auraient œuvré à la réalisation de ces objectifs. Eux ont fait exactement le contraire. Ils courent après le Djihad planétaire, la guerre de l’islam contre le reste du monde – que cela nous plaise ou non – et ne sont pas intéressés par l’amélioration de la condition de la population, par la coexistence pacifique avec leurs voisins, pas plus que par le multipartisme au sein d’un futur Etat palestinien. D’ailleurs, un tel Etat n’est absolument pas leur but ultime, et n’occupe pas non plus un rang élevé dans leur ordre de priorités.
Dans ces conditions, le Hamas titille l’Etat hébreu, afin d’exacerber tensions et différences. Afin de passer aux yeux de nos compatriotes pour l’entité qui combat et de faire passer l’OLP pour celle qui collabore. L'organisation islamiste qui contrôle Gaza instrumente Tsahal afin d’avoir des arguments pour refuser la réunification. Mais c’est un jeu périlleux à jouer face à une armée de cette dimension et de cette qualité ; d’agressions islamistes en représailles israéliennes, on se rapprochera inévitablement d’une réédition de Plomb Fondu. Et la prochaine fois, il ne sera pas question de laisser le Hamas au pouvoir afin qu’il gère le quotidien de la Bande et qu’il soit responsable de contenir les autres factions extrémistes. Ce proxy hors du commun, confié à Hanya par les Hébreux à son corps défendant, aura tenu deux ans, mais il ne sera pas automatiquement renouvelé indéfiniment. Le bruit des tirs de roquettes réveille, ces jours, à Ramallah, les interventionnistes [2] et leur dessein de participer aux côtés de Tsahal à la reprise de Gaza.
Un objectif qui consiste à justifier, aux yeux des Israéliens et des autres Palestiniens, que la gouvernance de la bande soit retirée aux islamistes pour être remise à l’OLP. Leur argument le plus fort : tout le monde sait qu’il n’y aura pas d’Etat palestinien tant que notre territoire et notre peuple demeureront divisés. Leur second argument : personne ne fera le travail à notre place ou sans notre participation active, pas les Juifs, ni les Occidentaux, et encore moins d’autres Arabes. Et leur nouvel argument : désormais, nous sommes suffisamment forts pour envoyer cinq mille hommes entraînés participer à la reconquête de Gaza. Il faudra voir. Pour le moment, Abbas et Fayyad sont en position de double attente. D’une part ils scrutent la direction que prendront les révolutions arabes et leur future relation à la cause palestinienne ; de l’autre, ils observent l’évolution de la situation entre Jérusalem et Gaza-city. Car pour que nous participions à un conflit, il faudrait d’abord que conflit il y ait. Et ce qui attriste les partisans de la Reconquista active, c’est qu’il semble que ni Netanyahu ni Mashal ne soient réellement intéressés par une nouvelle confrontation globale. Le premier, parce qu’il a beaucoup d’autres chats à fouetter, le second, parce qu’il sait que ce serait la dernière guerre que mènerait le Hamas, et qu’il n’est pas plus suicidaire que vous et moi. Note (de la rédaction) :
à quelques dizaines de mètres de celle-ci tout au plus. Or la première précaution prise immédiatement par la police israélienne après chaque attentat consiste à fermer hermétiquement, et sur plusieurs cercles, la zone où l’attaque s’est produite. C’est exactement ainsi que les forces de l’ordre israéliennes ont procédé hier à Jérusalem. Si l’auteur de l’attentat s’était encore trouvé parmi les mailles du filet, il n’aurait eu aucune chance de s’en sortir.
Toutes les organisations terroristes arabes sont au courant de ce mode opératoire. Aucune d’elles, de même qu’aucun terroriste agissant de manière isolée, n’aurait pris ce risque. Risque pour risque, si l’auteur de cet assassinat collectif avait voulu se sacrifier, il aurait perpétré un attentat-suicide. Les attentats-suicides permettant de détruire une cible prédéfinie, et surtout, d’actionner une charge autrement plus conséquente et létale qu’un à deux kilos d’explosifs entourés de billes. [2] Ce groupe de dirigeants de l’Autorité Palestinienne avait déjà donné de la voix à Ramallah en faveur d’une intervention, comme Sami El Soudi l’avait rapporté à l’époque, lors de la guerre de Gaza, à l’hiver 2008-2009. Cette affirmation avait été confirmée par les fuites de Wikileaks relatives à l’AP. Metula News
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