L'Offensive Européenne pour la Paix n'est pas Réaliste
par Pr Efraim Inbar, professeur d'études politiques à l'université Bar Ilan, directeur au Centre d'études stratégiques Begin-Sadate
Traduit par Albert Soued, http://soued.chez.com pour www.nuitdorient.comÂ
Résumé
Les intentions européennes sont à louer, mais sont très éloignées des réalités du terrain au Moyen Orient. Le partage de ce minuscule territoire d'Israël entre Juifs et Arabes est souhaitable, mais le mouvement national palestinien a prouvé à plusieurs reprises qu'il n'était pas le bon partenaire pour réaliser cette partition, et il est largement responsable de l'échec de la solution à 2 états. Aujourd'hui, il n'y a pas d'autre issue que la gestion du conflit pour avoir une chance de réduire la souffrance des deux côtés et parvenir à un minimum de stabilité dans le chaos moyen oriental.
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Au bout d'un siècle, les Européens ont décidé que le conflit arabo-israélien en Terre Sainte devait prendre fin. Federica Mogherini, représentante de l'Union Européenne (UE) pour les Affaires Etrangères, est venue en Israël pour faire connaître l'impatience de l'UE vis à vis de l'impasse des négociations. La France a signalé son intention de porter l'affaire devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies dans un délai de 18 mois, pour fixer les paramètres d'une solution du conflit.
Les intentions européennes sont à louer, mais sont très éloignées des réalités du terrain au Moyen Orient. Le partage de ce minuscule territoire d'Israël entre Juifs et Arabes est souhaitable, mais le mouvement national palestinien a prouvé à plusieurs reprises qu'il n'était pas le bon partenaire pour réaliser cette partition, et il est largement responsable de l'échec de la solution à 2 états. Ce mouvement semble incapable d'atteindre un compromis historique avec le mouvement sioniste. Il insiste encore pour contrôler en toute exclusivité le Mont du Temple, pour appliquer la "loi du retour" pour ses réfugiés, pour éliminer toute présence juive en Judée-Samarie.... Son système médiatique et d'éducation perpétue le conflit en enseignant la haine du Juif et en dénigrant tout lien du Juif avec la Terre d'Israël.
Le fossé qui sépare Israéliens et Palestiniens s'élargit de plus en plus et ne peut être réduit en un clin d'oeil. Il est totalement irréaliste de s'attendre à un accord sur les points essentiels, à court terme.
Les conflits ethnico-religieux prennent fin d'habitude quand une partie au moins montre une certaine lassitude. Mais l'amère vérité est que les sociétés israéliennes et palestiniennes ont encore beaucoup d'énergie pour se battre pour ce qu'elles considèrent comme important. L'Europe éprouve beaucoup de difficulté à comprendre que la paix n'est pas encore une valeur importante pour les 2 parties.
De plus, les Palestiniens n'ont pas réussi à saisir les opportunités offertes pour construire un état. L'échec le plus cinglant a été la perte du monopole d'usage de la force, lors de la perte par Ramallah de la bande de Gaza, au profit du Hamas en 2007. Tant que la Hamas joue un rôle central dans les affaires palestiniennes, il n'y aura aucune possibilité de réconciliation avec Israël. Ce qu'on constate sur le territoire palestinien est un reflet du monde arabe, la disparition des structures étatiques. La culture politique arabe semble incapable d'arriver à bout des différences d'identités tribales, ethniques ou sectaires, pour pouvoir établir un état.
L'Autorité Palestinienne (AP) en Cisjordanie n'est pas différente des autres entités arabes, comme la Libye, l'Irak, la Syrie, le Yémen..., incapables de gouverner sur leur territoire.
L'AP et son gouvernement ne survivent que grâce aux baïonnettes israéliennes, qui les protègent des extrémistes qui ne cherchent qu'à renverser le pouvoir illégitime de Mahmoud Abbas, non réélu. Ceci est la base de la coopération sécuritaire entre l'AP et Israël. Sur le plan économique, l'AP est aussi dépendante d'Israël et de la coopération de celui-ci avec les pays donateurs.
Mais surtout l'AP refuse d'accepter Israël comme un état juif, et c'est le principal sujet de discorde dans l'histoire du conflit arabo-israélien.
Sous l'autorité du 1er ministre Menahem Begin, Israël a reconnu en 1978, les droits légitimes su peuple palestinien, mais il n'y a jamais eu depuis de reconnaissance réciproque. De plus, l'islamisme croissant dans la société palestinienne, à l'image de toute la région, empêche tout progrès dans ce domaine. Les Palestiniens nient en outre tout droit légitime du peuple juif sur la Terre d'Israël et ceci entraîne le renforcement du consensus israélien sur le fait que le pays n'a pas de partenaire sérieux pour faire la paix.
Le chaos dans le monde arabe a aussi durci les positions d'Israël dans les négociations. En effet dans ces conditions toute situation politique peut changer au gré du vent, mettant en danger le pays et la sécurité des frontières devient un impératif intangible. Ainsi la présence juive le long du Jourdain est une nécessité vitale. Il est regrettable que les Palestiniens n'aient pas actualisé leurs positions pour tenir compte des changements survenus dans la région. Mais leurs revendications maximalistes oblitèrent tout réalisme politique et créent l'impasse dans tout règlement du conflit. Dans ces conditions, ladite "solution à 2 états" dont tout le monde semble enclin, est totalement irréaliste, en toute simplicité.
L'an dernier, le 1er ministre Benjamin Netanyahou a accepté avec réticence un document de travail soumis par les Américains pour sauver la situation. Mahmoud a refusé cette initiative, mettant fin à tout effort diplomatique américain. Même la dernière concession israélienne -- volonté de négocier les limites des blocs d'implantations-- n' a pas satisfait les Palestiniens. Tout au long des années ceux-ci ont rejeté toutes les offres généreuses faites par Barak en 2000, Olmert en 2008, et Netanyahou ne peut pas faire mieux qu'il n'a déjà fait.
Ainsi une résolution du conflit est illusoire. On ne peut parvenir qu'à des accords intérimaires, tacites ou formels, à condition qu'ils ne mettent pas en péril la sécurité du pays. La gestion du conflit est la seule approche réaliste pour réduire les souffrances des 2 parties et parvenir à un minimum de stabilité dans le chaos environnant.
L'offensive européenne pour imposer une paix est un exercice diplomatique futile qui ne peut qu'échouer, même s'il est l'occasion de forums successifs. Mais ces échecs ne semblent pas décourager des diplomates dont c'est la raison honorable de vivre. Le Quartet essaiera lui aussi de donner un coup de main. Nous souhaitons à tous bonne chance ...
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The Unrealistic European Peace Offensive
by Prof. Efraim Inbar, professor of political studies at Bar-Ilan University, is the director of the Begin-Sadat Center for Strategic Studies, and a fellow at the Middle East Forum.
Source: http://besacenter.org/perspectives-papers/the-unrealistic-european-peace...
BESA Center Perspectives Paper No. 300
EXECUTIVE SUMMARY: European intentions may be laudable, but seem far removed from Middle Eastern realities. While partition of the Land of Israel between the Jews and the Arabs living in this small part of the world is desirable, the Palestinian national movement has proved to be the wrong partner to implement partition and is largely responsible for the failure of the two state solution. Conflict management is the only approach that has a chance to minimize suffering on both sides and achieve a modicum of stability in a stormy Middle East.
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The Europeans have decided that the Arab-Israeli conflict in the Holy Land, now over one century long, must finally end. The High Representative of the European Union (EU) for Foreign Affairs Federica Mogherini came to Israel last week to convey EU impatience with the impasse in Israeli-Palestinian negotiations. France has signaled its intention to bring the matter to the UN Security Council in order to delineate the parameters for conflict resolution within 18 months.
European intentions may be laudable, but seem far removed from Middle Eastern realities. While partition of the Land of Israel between the Jews and the Arabs living in this small part of the world is desirable, the Palestinian national movement has proved to be the wrong partner to implement partition and is largely responsible for the failure of the two state solution.
The Palestinian national movement seems unable to reach a historic compromise with the Zionist movement. It still insists on exclusive control of the Temple Mount, on a “right of return” for refugees, and on removal of all Jewish presence in Judea and Samaria. Its media and education system perpetuates the conflict by teaching hatred of Jews and denigrating their links to the Land of Israel. Indeed, the gap in positions between Israelis and Palestinians is extremely large and cannot be bridged overnight. It is totally unrealistic to expect an agreement on final status issues in the near future.
Ethno-religious conflicts usually end when at least one of the sides displays great weariness. But the bitter truth is that Israeli and Palestinian societies still have energies to fight for what is important to them. Europeans have difficulty understanding that peace is not necessarily the most important value for Israelis and Palestinians.
In addition, Palestinians have failed to capitalize on the opportunity to build a state. The most remarkable failure and most devastating to the state-building attempt was the loss of monopoly over the use of force. This led to chaos and to the loss of Gaza to Hamas in 2007. As long as Hamas plays a central role in Palestinian affairs, no real Israeli-Palestinian reconciliation is possible. What happened in the Palestinian territories reflects a phenomenon widespread in the Arab world – the collapse of statist structures. Arab political culture seems unable to sustain statist structures and overcome tribal and sectarian identities
The Palestinian Authority in the West Bank is not that different from Arab political entities, such as Libya, Iraq, Syria, or Yemen, who are unable to govern effectively their territories. The PA and its leadership are basically relying on Israeli bayonets to make sure that PA-ruled territory is clear of radical violent elements that want to topple the illegitimate rule of Mahmoud Abbas. This is the essence of the security cooperation between Israel and the PA. Economically, the PA is also dependent upon interactions with Israel and Israel’s cooperation with donor states.
Above all, the Palestinians refuse to accept Israel as a Jewish state – a core issue in the history of the Arab-Israel conflict. While Israel, under the leadership of Prime Minister Menachem Begin, recognized the “legitimate rights of the Palestinian people” in 1978, the Palestinians still have not reciprocated. Moreover, the increasing appeal of Islamic elements in Palestinian society, a phenomenon reflecting regional trends, makes the acceptance of the Jewish State increasingly difficult. Palestinian denial of the legitimate right of the Jewish people to the Land of Israel only reinforces a broad Israeli consensus that the Palestinians are not a serious partner for peacemaking.
The turmoil in the Arab world has also hardened Israeli positions in negotiations with the Palestinians. Political circumstances may change suddenly in the Middle East, making defensible borders an imperative. Israeli presence along the Jordan River is a vital security requirement for Israel. It is a pity that the Palestinians have not yet internalized this change and do not calibrate their aspirations to the realities on the ground. Unfortunately, realism is hardly part of the maximalist Palestinian political culture.
Therefore, the Israeli-Palestinian protracted conflict remains intractable. The two state solution to which everybody pays lip service is simply not a realistic outcome under the current circumstances.
Last year, Prime Minister Binyamin Netanyahu accepted reluctantly a working paper submitted by the US in order to save the negotiations with the Palestinians. But Mahmoud Abbas refused to accept the American document, effectively ending the American diplomatic efforts. As expected, Netanyahu’s latest concession – willingness to negotiate the borders of the settlement blocs – did not satisfy Palestinian demands. Over the years, the Palestinians have rejected generous offers by then-prime ministers Ehud Barak (2000) and Ehud Olmert (2008). Obviously, Netanyahu cannot do better.
Therefore, a resolution to the conflict is not in the cards. The best that can be achieved is interim agreements, tacit or formal, that do not entail grave security risks for Israel. Conflict management is the only approach that has a chance to minimize suffering on both sides and achieve a modicum of stability in a stormy Middle East.
The European peace offensive, another exercise in futile diplomacy, will in all probability produce another bout of diplomatic activism in pursuit of another forum for an Israeli-Palestinian exchange of views that will similarly fail. Such failures hardly discourage professional diplomats who make an honorable living by trying to bring peace. Probably, the Quartet also will try its hand at peacemaking. We should wish all of them luck.
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