RÉHABILITATION DES CIMETIÈRES JUIFS DU MAROC
UNE PREMIÈRE EN TERRE D’ISLAM
DE NOTRE CORRESPONDANTE À PARIS, HALIMA BELGHITI
PRÉSENTATION DE L’OUVRAGE À L’IMA
TROIS DIGNITAIRES RELIGIEUX FRANÇAIS ORIGINAIRES DU MAROC DÉCORÉS DU WISSAM AL ARCH
CETTE CÉRÉMONIE CONSACRE LA NOUVELLE RELATION ENTRE LA FRANCE ET LE MAROC
Ils sont 27. Vingt-sept rabbins marocains à exprimer leur profonde gratitude à leur Souverain.
Dans une lettre, la «Teudah» (la lettre des rabbins au Roi), qui figure en tête de l’ouvrage «Réhabilitation des cimetières juifs du Maroc, les maisons de la vie», ces fidèles sujets juifs de par le monde «remercient SM Mohammed VI d’avoir rendu possible la rénovation des sites funéraires juifs aux quatre coins du Royaume, à l’instar des cimetières musulmans». Au-delà du symbole, une réalité historique. En ce dimanche 1er février, c’est le Maroc en paix, grâce au respect et à la coexistence pacifique des religions révélées, qui est célébré dans le cadre de la programmation «Le Maroc contemporain» à l’Institut du Monde arabe (IMA). En début d’après-midi, lors de la présentation de cet ouvrage, dont il est le maître d’œuvre, Serge Berdugo, secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc, a rappelé que «c’est une autre vision et pratique du religieux qui sont mises en action. Une pratique de modération, de dialogue et de respect et tout à fait à l’encontre des schémas actuels où les extrêmes occupent la scène».
Dans l’auditorium où il reçoit ses prestigieux convives, dignitaires des différents cultes monothéistes, dont le ministre marocain des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, et le grand rabbin de France, Haim Korsia, mais également des personnalités de la scène politique, économique et culturelle des deux rives de la Méditerranée, Serge Berdugo a rappelé la «portée symbolique, religieuse, historique et patrimoniale de cette opération unique en son genre en terre d’Islam et ailleurs». Tout commence en 2010 avec la décision royale de «sauvegarder tous les lieux de culte, les cimetières et les sanctuaires du Maroc». Mandaté par le Souverain, Berdugo a été chargé de mener ce projet à bien, avec les principaux acteurs concernés. L’ouvrage «Réhabilitation des cimetières du Maroc, les maisons de la vie» se propose de rendre compte de cette réalisation qui comprend la rénovation de 167 tombes et sanctuaires juifs dans 40 provinces du nord et du sud du Maroc. Louer la coexistence pacifique des religions, c’est aussi célébrer leur message de paix commun.
Pour ce faire, changement de décor et direction de la grande salle de réception du 9e étage de l’IMA. Ainsi, en fin de journée, la princesse Lalla Meryem, au nom du Roi, y a décoré du Wissam Al Arch de 3e classe (officier) en présence de Manuel Valls, Premier ministre français- tout juste rentré de son voyage en Chine-, trois hommes de religion: Khalil Merroun, recteur de la mosquée d'Evry, Michel Serfaty, rabbin de Ris-Orangis, et Michel Dubost, évêque d'Evry. «Ces trois personnes sont nées au Maroc et mènent en ce moment critique de la conscience religieuse une mission d'encadrement rituel et spirituel dans le département d’Evry et ses environs», a rappelé Toufiq dans son allocution de présentation, devant une salle comble. «Voir consacrer aujourd'hui ceux qui accompagnent le quotidien de la vie spirituelle des citoyens, que je connais bien et que je côtoie depuis longtemps, est pour moi une grande fierté», s’est félicité, pour sa part, Manuel Valls (ndrl: ancien maire d’Evry). Et de conclure, «c'est un très bon symbole que cette cérémonie ait lieu aujourd'hui au moment où nous savons qu'une nouvelle relation entre les deux pays est en train de se construire».
«Lieux de sagesse» et «vecteurs de civisme»
«Par leur labeur et leur effort pour apporter des réponses judicieuses à leurs communautés respectives, ces hommes (les trois personnes décorées) font honneur à leur pays d'origine», a déclaré le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, lors de la cérémonie. «Fort de sa tradition séculaire et fier de ses fils là où ils se trouvent, le Maroc se reconnaît avec honneur dans les branches de sagesse et dans les graines de génie qui s'élancent dans les horizons lointains», a-t-il ajouté. Toufiq appelle de ses vœux à une coopération franco-marocaine dans la gestion des lieux de culte affiliés au Maroc. «Le Royaume, souligne-t-il, œuvre dans la limite de la légalité et de ses moyens pour que les mosquées gérées par des personnes ayant une quelconque affinité avec le Maroc soient des lieux de sagesse, des vecteurs de civisme dans le respect de la tradition et des institutions de ce pays. Il y a là sûrement un grand chantier de coopération à entreprendre au bénéfice de nos deux pays».
Des origines romaines
«C’est une autre vision et pratique du religieux qui sont mises en action. Une pratique de modération, de dialogue et de respect et tout à fait à l’encontre des schémas actuels où les extrêmes occupent la scène», a rappelé Serge Berdugo lors de la présentation de l’ouvrage, dont il est le maître d’œuvre
C’est la première fois que l’on appréhende la globalité des cimetières et des mausolées juifs au Maroc. L’opération «Réhabilitation des cimetières juifs du Maroc, les maisons de la vie» a nécessité une méthodologie minutieuse pour être menée à bien. Trois partenaires en ont été chargés: le ministère de l’Intérieur, le Grand rabbin du Maroc pour garantir le respect des prescriptions religieuses, et le secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc. 167 cimetières et mausolées sur 200 dans 14 régions et 38 provinces ont été retenus pour la rénovation. Leur délabrement est dû au temps et à l’abandon. Cette opération a permis de mettre en évidence la diversité culturelle et des composantes multiples du judaïsme marocain et de ses différentes traditions (Autochtones et Sefaradim). Trois typologies de cimetières ont pu être distinguées: ceux des montagnes, des plaines, et les cimetières marins.
Des traces plus anciennes remontant à l’époque romaine ont pu être identifiées, témoignant du profond ancrage des juifs au Maroc, comme en attestent les deux stèles de Volubilis et de Sala. La fondation «Les Maisons de la vie» sera créée pour pérenniser, développer la connaissance du patrimoine funéraire juif et le transmettre.
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