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Une entreprise française de matsot s’exporte dans le monde

Une entreprise française de matsot s’exporte dans le monde

 

Pour Jean-Claude Neymann, le pain azyme est une longue tradition familiale

TONI L. KAMINS

 

 

Pour la plupart des Juifs, il n’y a qu’une saison de matsot par an. Mais pour Jean-Claude Neymann, les matsot, ou « pain azyme, » est une tradition familiale.

Neymann est à la tête de la plus vieille fabrique de matsot française, située à Wasselonne, près de la frontière allemande. L’entreprise familiale, « Établissements René Neymann », a été fondée en 1850.

 

« Je fais partie de la cinquième génération de ma famille qui confectionne des matsot à Wasselonne, » a indiqué Neymann.

Les rues pavées raides de Wasselonne, une ville de presque 6 000 âmes au pied des Vosges, au nord-est de la France, font penser à un conte des frères Grimm.

Les façades à pans de bois sont typiquement allemandes et rappellent que l’Alsace et la Lorraine sont passées d’un pays à l’autre pendant deux siècles lors de guerres pas si lointaines.

Salomon Neymann, le marchand qui a fondé une dynastie de pain sans levain, a ouvert sa première boulangerie dans la ville proche de Odratzheim, où il faisait des matsot de Pessah pour sa famille et la communauté juive locale.

Ses matsot sont vite devenues populaires. En 1870, Neymann et son fils Benoît ont donc dû déménager l’usine vers un espace plus grand à Wasselonne. Cette nouvelle ville était une cité commerciale, qui avait également pour avantage d’être située à proximité d’un moulin à farine.

Entre les années 1870 et 1919, la famille Neymann produisait des matsot standard ainsi que des matsot shmurot dans leur usine. Le plus jeune fils de Benoît, René, avait cependant des rêves plus grands pour la petite entreprise.

En 1919, il a donc industrialisé la production et changé le nom de l’entreprise en « Établissements René Neymann ». En 1930, il entreprit de commercialiser les bienfaits du pain azyme au public non juif. Ce fut un grand succès et les ventes n’ont fait qu’augmenter.

Avec l’occupation de la France par les nazis en 1940, la boulangerie a été fermée et la famille Neymann s’est vue forcée de s’exiler dans le sud de la France.

Après la libération en novembre 1944 par l’armée du général Phillipe Leclerc, René Neymann a rouvert son entreprise en 1948.

Nombre de changements dans les habitudes alimentaires et commerciales des populations ont pu être observés, au cours des décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale.

« Les supermarchés ont commencé à remplacer les marchés traditionnels, et les régimes alimentaires faibles en matières grasses sont devenus populaires, » souligne Jean-Claude Neymann.

Robert Neymann, le fils de René, a saisi l’opportunité pour moderniser l’usine. La production a été automatisée, la ligne de produits s’est agrandie et de nouveaux partenariats de distribution ont été conclus.

Avec Robert Neymann à sa tête, les Établissements René Neymann ont continué de diversifier leur gamme de produits et de marques en fabriquant d’autres types de matsot pour différents goûts et envies.

L’usine s’est mise à produire des matsot à partir de seigle et de farine complète, de son, d’épeautre, ainsi que des matsot certifiées de l’agriculture biologique.

Même les matsot casher pour Pessah de Neymann, sous la supervision du Grand Rabbin de Strasbourg, sont faites à partir d’une gamme de farines.

Jean-Claude, le fils de Robert, a repris l’entreprise familiale en 1983.

« Les matsot standard restent les plus vendues pour Pessah, mais près de 62 % de notre production totale s’exportent à l’étranger, » indique-t-il.

« Nous vendons partout en Europe, au Maroc, en Afrique du Sud, au Japon et en Chine. Le marché des crackers est important dans ces pays. »

Interrogé sur l’état de la communauté juive de France et la montée de l’antisémitisme, le propriétaire de cette importante entreprise juive française est avisé.

« Je ne m’inquète pas pour le moment, mais nous ne pouvons pas savoir ce que les gens feront. Personne n’a imaginé que la Shoah pourrait se produire, mais elle s’est produite, » explique Neymann.

« Nous et notre compagnie sommes très bien intégrés dans la vie à Wasselonne et en France, mais au sein des esprits nous resterons toujours ‘le Juif’. »

Toni L. Kamins est un journaliste freelance new-yorkais. Il est l’auteur du livre The Complete Jewish Guide to France et du livre électronique à paraître The Complete Jewish Guide to Paris.

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