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Les Juifs français arrivent en Israël

 

Israël se lance dans le "sur mesure" pour accueillir les nouveaux immigrants de France

L'Alyah de France et les perspectives d'une future immigration massive des Juifs français vers Israël ont fait les manchettes des journaux de la Terre Promise.

Les Israéliens aiment naturellement la notion d'Alyah (l'immigration juive vers Israël), bien davantage qu'ils n'apprécient les immigrants eux-mêmes.

Etant donné le sentiment croissant d'isolement du pays, l'idée même que des personnes font le choix de venir ici donne un certain réconfort.

Le critère du choix est particulièrement satisfaisant, puisque les Français, à la différence d'autres populations, disposent d'autres options. Le fait qu'ils nous choisissent "nous" est un témoignage positif à l'égard de notre pays et de notre peuple.

D'un point de vue politique, toute augmentation de la population juive est une victoire de l'Etat dans sa bataille démographique contre les musulmans et est donc plus que bienvenue. Mais les titres des manchettes ne sont pas nécessairement proportionnés aux 40.000 personnes attendues ici dans un avenir proche.

Malgré l'attitude accueillante, l'image du Juif français est plutôt problématique. Il y a déjà quelques années, le très populaire programme satyrique "Eretz Nehederet" (le pays merveilleux) qui façonne l'opinion bien plus que les véritables infos, croquait la famille juive française typique passant ses vacances en Israël: bronzage ridicule, très bruyante et totalement hors de contrôle.

Les chiffres sont également intéressants. Il y a environs 120.000 immigrants français en Israël. Le nombre d'"olim" (immigrants) a augmenté de 60% l'année dernière. Selon de récentes enquêtes, 49% des Juifs de France envisagent d'émigrer, mais pas nécessairement en Israël.

Les motivations pour quitter la France sont plutôt compréhensibles. L'antisémitisme arrive en tête. Une enquête récente menée par l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne témoigne de chiffres alarmants: 52% des Juifs français estiment que l'antisémitisme est un "gros problème" et 33% "plutôt un gros problème". En comparaison, en Grande Bretagne, ces chiffres tombent respectivement à 11% et 37%.

Ces données, ajoutées à la détérioration de la situation économique, sont un puissant levier qui pousse les Juifs de France à quitter leur pays. "Il ne s'agit pas seulement de judéophobie musulmane", dit Alain Zeitoun. "Il y a également l'antisionisme de gauche qui se traduit souvent par de l'antisémitisme. Actuellement, nous sommes témoins d'un nouveau phénomène: en dépit des efforts du gouvernement, il devient parfaitement acceptable d'être antisémite en France".

Alain Zeitoun est un Juif français d'origine tunisienne qui s'est installé en Israël il y a 15 ans, passant de la médecine aux affaires. Il est également à la tête de l'organisation des universitaires francophones israéliens.

Si l'antisémitisme est une cause du départ des Juifs de France, le choix de venir en Israël exige une autre explication étant donné que l'Etat hébreu n'est pas encore vraiment devenu un havre de paix pour les Juifs.

"Ce critère sécuritaire n'inquiète absolument pas la communauté juive en France", dit Zeitoun. "Ce qui compte c'est le fait qu'il y a d'autres Juifs pour les protéger, d'autres Juifs sur lesquels on peut compter. C'est ainsi que les Juifs de France voient les choses. Mais tout le monde ne souhaite pas venir s'installer ici. Israël doit faire face à la concurrence du Canada et des Etats-Unis. Les Juifs français, aisés et d'un haut niveau d'éducation, sont très recherchés", ajoute-t-il.

Sofa Landver, la ministre de l'Intégration, a déclaré à i24news, qu'Israël est prêt pour la compétition. Elle a d'ailleurs discuté de ce sujet avec le Premier ministre Benyamin Netanyahou et un programme sur mesure a été mis sur pied en coopération avec l'Agence juive pour les immigrants de France. "Nous allons tout d'abord supprimer la bureaucratie. Un pourcentage plus élevé que dans les autres communautés a tendance à retourner en France. Ils sont sionistes et ont des liens très étroits avec Israël. Je crois savoir comment mettre un terme à cette propension", affirme la ministre.

Alain Zeitoun et Gérad Benhamou (le correspondant en Israël de RCJ, la radio communautaire de Paris) voient les choses différemment. Ils doutent de la capacité des institutions d'amener et d'intégrer des milliers d'immigrants de France. L'administration n'a pas de tradition de service public et les Israéliens ont davantage d'expérience dans l'absorption de nouveaux arrivants originaires de pays moins privilégiés que la France, disent-ils.

"Nous avons affaire à une Aliyah différente. Beaucoup d'entre eux seront disposés à faire des concessions concernant le niveau de vie, mais jusqu'à une certaine limite", ajoute Alain Zeitoun.

Benhamou et Zeitoun estiment que Nefesh b'Nefesh, une ONG spécialisée dans la promotion de l'Aliyah aux Etats-Unis, est bien plus apte à faire face à ce genre de situation. "Ils ont de l’expérience avec l'immigration de haut niveau et c'est précisément le profil de l'Aliyah en provenance de France", souligne Zeitoun.

L'immigration française a des caractéristiques uniques. Beaucoup d'immigrants choisissent de garder leurs affaires en France grâce aux nouvelles technologies, ce qui leur permet de ne pas renoncer complètement à la France. "Ils apportent de l'argent, des projets de startups, mais surtout, ils amènent leurs enfants", affirme Benhamou.

Pour le gouvernement, l'immigration française représente un magot de 120.000 électeurs potentiels puisque la plupart sont des sympathisants de la droite. Une concurrence sous-jacente existe déjà entre le parti russophone "Israel Beteinou" de Liebermann et le "Foyer juif" national-religieux. Les deux formations tentent de tisser des liens avec cette communauté française de plus en plus importante.

La cité balnéaire d'Ashdod, à moins d'une heure de voiture de Tel Aviv, constitue un mini-laboratoire de l'intégration des Français en Israël. Attirés par la mer et les prix plus raisonnables de l'immobilier, 6.000 nouveaux arrivants de France s'y sont installés. Ashdod a également absorbé une forte population d'origine russe.

Cette population variée représente un microcosme d'Israël

On y trouve des restaurants aux noms français et l'alerte "rouge", le système d'urgence contre les missiles tirés depuis Gaza fonctionne en français.

La plupart des nouveaux immigrants de France sont d'origine nord-africaine. Dans une société déchirée par de nombreuses fractures sociales, l'origine ethnique joue un rôle important. La définition la plus courante est "Tsarfokaïm" - une combinaison en hébreu de Tsarfati (français) et Marokaï (marocain), induisant une certaine infériorité.

"Ce genre de racisme doit cesser", affirme Benhamou avec colère. "Les nouveaux immigrants français sont confiants et les tensions ethniques entre Sépharades et Ashkénazes ne sont pas un problème pour eux. Mais s'ils ne se plaisent pas, ils partiront et Israël ne peut se le permettre", ajoute-t-il.

Ils y a quelques années, Gérard Benhamou a fait un film retraçant 60 ans de relations entre Israël et la France. Il a appelé: "Je t'aime, moi non plus". Il espère que cela ne sera pas le titre de l'histoire de l'intégration des Juifs français en Israël.

de France et les perspectives d'une future immigration massive des Juifs français vers Israël ont fait les manchettes des journauxde la Terre Promise.

Les Israéliens aiment naturellement la notion même d'Alyah (l'immigration vers Israël), bien davantage qu'ils n'apprécient les immigrants eux-mêmes.

Etant donné le sentiment croissant d'isolement du pays, l'idée même que des personnes font le choix de venir ici donne un certain réconfort.

Le critère du choix est particulièrement satisfaisant, puisque les Français, à la différence d'autres populations, disposent d'autres options et le faut qu'ils nous choisissent "nous" est un témoignage positif à l'égard de notre pays et de notre peuple.

D'un point de vue politique, tout augmentation de la population juive est une victoire de l'Etat dans sa bataille démographique contre les musulmans et est donc plus que bienvenue. Mais les titres des manchettes ne sont pas nécessairement proportionnés aux 40.000 personnes attendues ici dans un avenir proche.

Malgré l'attitude accueillante, l'image du Juif français est plutôt problématique. Il y a déjà quelques années, le très populaire programme satyrique "Eretz Nehederet" (le pays merveilleux) qui façonne l'opinion bien plus que les véritables infos, croquait la famille juive française typique passant ses vacances en Israël: bronzage ridicule, très bruyante et totalement hors de contrôle.

Les chiffres sont également intéressants. Il y a environs 120.000 immigrants français en Israël. Le nombre d'"olim" (immigrants) a augmenté de 60% l'année dernière. Selon de récentes enquêtes, 49% des Juifs de France envisagent d'émigrer, mais pas nécessairement en Israël.

Les motivations pour quitter la France sont plutôt compréhensibles. L'antisémitisme arrive en tête. Une enquête récente menée par l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne témoigne de chiffres alarmants: 52% des Juifs français estiment que l'antisémitisme est un "gros problème" et 33% "plutôt un gros problème". En comparaison, en Grande Bretagne, ces chiffres tombent respectivement à 11% et 37%.

Ces données, ajoutées à la déterioration de la situation économique, sont un puissant levier qui pousse les Juifs de France à quitter leur pays. "Il ne s'agit pas seulement de judéophobie musulmane", dit Alain Zeitoun. "Il y a également l'antisionisme de gauche qui se traduit souvent par de l'antisémitisme. Actuellement, nous sommes témoins d'un nouveau phénomène: endépit des efforts du gouvernement, il devient parfaitement acceptable d'être antisémite en France".

Alain Zeitoun est un Juif français d'origine tunisienne qui s'est installé en Israël il y a 15 ans, passant de la médecine aux affaires. Il est également à la tête de l'organisation des universitaires francophones.

Si l'antisémitisme est un cause du départ des Juifs de France, le choix de venir en Israël exige une autre explication étant donné que l'Etat hébreu n'est pas encore vraiment devenu un havre de paix pour les Juifs.

"Ce critère sécuritaire n'inquiète absolument pas la communauté juive en France", dit Zeitoun. "Ce qui compte c'est le fait qu'il y a d'autres Juifs pour les protéger, d'autres Juifs sur lesquels on peut compter. C'est ainsi que les Juifs de France voient les choses. Mais tout le monde ne souhaite pas venir s'installer ici Israël doit faire face à la concurrence du Canada et des Etats-Unis. Les Juifs français, aisés et d'un haut niveau d'éducation sont très recherchés", ajoute-t-il.

Sofa Landver, la ministre de l'Intégration, a déclaré à i24news, qu'Israël est prêt pour la compétition. Elle a d'ailleurs discuté de ce sujet avec le Premier ministre Benyamin Netanyahou et un programme sur mesure a été mis sur pied en coopération avec l'Agence juive pour les immigrants de France. "Nous llons tout d'abord supprimer la bureaucratie. Un pourcentage plus élevé que dans les autres communautés a tendance à retourner en France. Ils sont sionistes et ont des liens très étroits avec Israël. Je crois savoir comment mettre un terme à cette propension", affirme la ministre.

Alain Zeitoun et Gérad Benhamou (le correspondant en Israël de RCJ, la radio communautaire de Paris) voient les choses différemment. Ils doutent de la capacité des institutions d'amener et d'intégrer des milliers d'immigrants de France. L'administration n'a pas de tradition de service public et les Israéliens ont davantage d'expérience dans l'absorption de nouveaux arrivants originaires de pays moins privilégiés que la France, disent-ils.

"Nous avons affaire à une Aliyah différente. Beaucoup d'entre eux seront disposés à faire des concessions concernant le niveau de vie, mais jusqu'à une certaine limite", ajoute Alain Zeitoun.

Benhamou et Zeitoun estiment que Nefesh b'Nefesh, une ONG spécialisée dans la promotion de l'Aliyah aux Etats-Unis, est bien plus apte pour faire face à ce genre de situation. "Ils ont de l'epérience avec l'immigration de haut niveau et c'est précisément le profil de l'Aliyah en provenance de France", souligne Zeitoun.

L'immigration française a des caractéristiques uniques. Beaucoup d'immigrants choisissent de garder leurs affaires en France grâce aux nouvelles technologies ce qui leur permet de ne pas renoncer complètement à la France. "Ils apportent de l'argent, des projets de startups, mais surtout, ils amènent leurs enfants", affirme Benhamou.

Pour le gouvernement, l'immigration française représente un magot potentiel de 120.000 électeurs potentiels puisque la plupart sont des sympathisants de la droite. Une concurrence sous-jacente existe déjà entre le parti russophone "Israel Beteinou" de Liebermann et le "Foyer juif" national-religieux. Les deux formations tentent de tisser des liens avec cette communauté française de plus en plus importante.

La cité balnéaire d'Ashdod, à moins d'une heure de voiture de Tel Aviv, constitue un mini-laboratoire de l'intégration des Français en Israël. Attirés par la mer et les prix plus raisonnables de l'immobilier, 6.000 nouveaux arrivants de France s'y sont installés. Ashdod a également absorbé une forte population d'origine russe.

Cette population variée représente un microcosme d'Israël

On y trouve des restaurants aux noms français et l'alerte "rouge", le système d'urgence contre les missiles tirés depuis Gaza, fonctionne en français.

La plupart des nouveaux immigrants de France sont d'oigine nord-africaine. Dans une société déchirée par de nombreuses fractures sociales, l'origine ethnique joue un rôle important. La définition la plus courante est "Tsarfokaïm" - une combinaison en hébreu de Tsarfati (français) et Marokaï (marocain), induisant une certaine infériorité.

"Ce genre de racisme doit cesser", affirme Benhamou avec colère. "Les nouveaux immigrants français sont confiants et les tensions ethniques entre Sépharades et Ashkénazes ne sont pas un problème pour eux. Mais s'ils ne se plaisent pas, ils partiront et Israël ne peut se le permettre", ajoute-t-il.

Il y a quelques années, Gérard Benhamou a fait un film retraçant 60 ans de relations entre Israël et la France. Il l'a appelé: "Je t'aime, moi non plus". Il espère que cela ne sera pas le titre de l'histoire de l'intégration des Juifs français en Israël.

Lily Galili est analyste de la société israélienne. Elle a cosigné un livre, "Le million qui a changé le Moyen-Orient" sur l'immigration d'ex-URSS vers Israël, son domaine de spécialisation.

I24News

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