Le Maghreb fête Yennayer 2964
Par Hayam El Hadi à Alger, Yasmin Najjar à Tunis et Hassan Benmehdi à Casablanca pour Magharebia
Les festivités marquant Yennayer ont commencé dimanche 12 janvier à travers tout le Maghreb.
Connu également sous les noms de "Amenzu n'Yennayer" ou de "Tabburt u Seggas" (la porte de l'année), le nouvel an amazigh reste l'un des festivals les plus populaires d'Afrique du Nord.
Les Algériens fêtent le Nouvel An
Yennayer est pour les Amazighs algériens l'occasion de célébrer leur attachement à leurs coutumes ancestrales.
Les préparatifs des festivités somptueuses qui vont marquer le début de 2964 ont commencé il y a déjà plusieurs jours dans tout le pays.
Pour le Jour de l'An, un repas familial gargantuesque est cuisiné afin de placer symboliquement l'année à venir sous le signe de l'abondance.
A Constantine, des coqs sont traditionnellement sacrifiés à cette occasion. Ils sont utilisés pour préparer un plat traditionnel très apprécié, la "trida".
"Yennayer, avec ses traditions culinaires, ses pratiques rituelles et ses couleurs particulières, continue à marquer le temps en tant qu'évènement pérenne et fait toujours partie intégrante de toutes les traditions constituantes de l'identité culturelle de l'Algérie, mais aussi de tous les pays du Maghreb", explique Mohamed Ziane, professeur à l'Université Mentouri de Constantine.
A Ouargla, les festivités célébrant la nouvelle année amazighe ont commencé avec une semaine d'avance. Des expositions ont été organisées sur les traditions et la culture amazighes, par la présentation au public de robes nuptiales traditionnelles, comme la "Melhfa", et de joaillerie en argent.
"Ce festival est une opportunité formidable de réaffirmer le caractère sacré de l'unité nationale", a déclaré Houaria Mehmel, mère de deux enfants. "La région entière vit actuellement des moments difficiles. Les tentatives visant à semer la discorde sont dangereuses. Une telle fête rappelle que nous ne formons qu'un seul peuple partageant les mêmes traditions, indépendamment du lieu où nous vivons".
Les Marocains célèbrent 'Idh Yennayer'
Au Maroc, et particulièrement dans la région de Souss, les festivités organisées à l'occasion de "Idh Yennayer" sont ancrées dans l'histoire.
La nouvelle année rappelle le jour du couronnement du roi amazigh Chachnaq à la tête de l'Egypte ancienne. Cette fête présente également la culture amazighe comme une composante essentielle de l'identité marocaine, affirme Ahmed Sabir, doyen de la faculté des sciences humaines d'Agadir.
Elle montre "la richesse de l'identité marocaine avec ses nombreux affluents arabo-islamique, amazigh, hassani et toutes ses autres formes d'expression, parmi lesquels les rites juifs", explique-t-il.
Les traditions locales sont évoquées par tous avec affection.
Comme l'explique Mustapha Addaz, serveur dans un café de Casablanca, à Magharebia : ''Dans notre région, un village situé entre Agadir et Essaouira, on prépare la tagoulla, une purée à base d'orge ou de blé".
Les Tunisiens participent à la fête
La capitale tunisienne a accueilli un évènement particulier à l'occasion de Yennayer.
"Lam Shaml" et les associations TOUIZA ont organisé des Journées culturelles amazighes à Tunis, pour marquer le nouvel an berbère.
"La détermination des Amazighs à établir leur identité et leur culture à travers de telles fêtes est très importante", explique à Magharebia Moez Zouari, un étudiant tunisien.
"Nous parlons, nous nous habillons, et nous mangeons à la manière amazighe", ajoute-t-il.
Samir Khribich, professeur d'histoire, a expliqué à Magharebia que "de nombreux projets de développement en Tunisie ont échoué parce qu'ils ont ignoré l'héritage amazigh".
"Célébrer la nouvelle année amazighe reste une date qui permet d'enraciner ce patrimoine", ajoute-t-il.
"Nous devons imaginer à nouveau un concept de développement et d'invention de nouvelles stratégies capables de prendre en compte le caractère civilisationnel et historique du peuple tunisien, aux niveaux culturel et social", note-t-il.