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Zelda et Jacob. A Love Story                             

 

Si tu veux que tes rêves se réalisent, ne dors pas - Proverbe Juif

 

 

 Dans les années 70, je voyageais beaucoup et je voyageais partout, les Indes, l'Iran, L’Afghanistan...La Turquie....ah ! Oui !, La Turquie.

(C’est tellement flagrant, ma petite intro !)

J'avais pris un cargo pour faire la traversée entre Trabzon et Istanbul. Une traversée de nuit pour deux dollars. Il n'y avait, pour ce prix, aucune aménité. On est sur le pont, et sur le pont on reste jusqu'au lendemain matin.

J’étais assis sur le bord, les pieds dans le vide, à la poupe du bateau, le gros mat du drapeau me retenant de tomber. Un peu comme dans le film Titanic trente ans plus tard, à part que Leonardo et sa gonzesse étaient à la Proue du bateau (J’ai dû regarder dans le dictionnaire pour ce mot !)

Donc je suis dans la mer Noire, sur un cargo Noir, dans la nuit Noire. Vrai de vrai

Dans des cas comme ça, il n'y a que Dieu pour me sauver, si je tombais.

Une belle anglaise a la crinière blonde s’était approché et me faisait du rentre dedans, carrément.

Elle revenait des Indes et elle allait en Grèce pour les vendanges d’Été, mais elle me dit, si j'avais besoin d'un compagnon de voyage que, finalement elle me suivrait là où j'allais,

Elle était un peu Hippie, un peu farouche, mais j'ai toujours eu un faible pour les Anglaises, et j'ai accepté.

Nous nous sommes, comme tous les amants pressés, un peu lassé au bout de quelques mois et je suis rentré à Paris, et elle a Londres.

En Août 73,  j’ai appelé ma Hippie pour qu'elle me débrouille un billet pas cher, Londres-Toronto-Vancouver. Il fallait que je sois en territoire Américain avant de passer devant une cour martiale qui délibérerait les conséquences de ma désertion de l'armée U.S. (en temps de Guerre)

J'ai passé une seule nuit à Londres chez mon Anglaise, et le lendemain tôt j'avais pris l'avion.

Une fois à Vancouver, un couple de Marocains allait m'aider a passer la frontière clandestinement. Le dimanche suivant, nous sommes arrivés au poste frontière.

Le Mari conduisait et sa femme m’enlaçait et me faisait des yeux doux devant le douanier qui ne nous a même pas regarder, et nous a laissé passer.

J'avoue que j'aurai pu continuer cette comédie un peu plus longtemps.

On n'est jamais aussi bien que dans les bras d'une Marocaine.

Trois mois plus tard la Hippie m’avait écrit  pour me dire que j’allais avoir an offspring (un enfant), Qu’elle n'avait besoin de rien, ni de moi, mais elle voulait que je le sache.

Ah ouili ouilli!!!!..Une nuit ! Et c'est la conception immaculée. (Il y aurait peut-être un jeu de mots, ici)

Je n’en croyais pas mes yeux. D’abord, comment savait elle que j’étais vraiment le père et comment pourrais-je en être certain moi-même ?

Après tout c’était l’époque du Free love, tout le monde couchait avec tout le monde.

 De toute façon je ne pouvais pas quitter les US ; J’étais en situation très précaire, niveau papiers.

Je ne savais pas quoi faire, j'ai envoyé des petits vêtements, de l'argent, mais c'est tout.

Au fil des années, elle m'envoyait des cartes postales de tous les pays qu'elles visitaient ensemble.

Les Indes (sept fois) l’Égypte, La Nouvelle Zélande, les îles de Barbados, le Mexique et même la Californie.

 A Los Angeles, elles voulaient me voir, évidemment.

Elles avaient appelé au seul numéro qu'elles avaient, chez mes parents.

Ma mère avait décroché et comme a l'habitude, dès qu'elle entendait une voix féminine qui demandait après son fils chéri, elle répondait poliment et dans un anglais parfait.

NO!.NO !..Victor no here !..No victor!...victor bye bye... no hir!....NO hear ! Click........................................

Elle ne leur avait même pas laissé le temps de s'identifier.

Si mon père avait décroché, l'histoire aurait été différente.

Des années plus tard, j'avais confronté ma mère a ce sujet, puisque ma ...fille Zelda m’avait raconté l'anecdote

-Moa..!?, la juive marocaine avait répondu, offusquée. - Jamais ! Jamais de la vie. May kunz had el nhar, ce jour n'est jamais arrivé.

Bon, Je finis ma Parasha. (Texte  lu le Shabbat, trop long et monotone, surtout quand y a une Dafina qui attend au bout)

Quatorze ans après, j'ai pris mon courage a deux mains et je suis allé la découvrir.

C’était très romantique. Et l'hiver ajoutait une petite note nostalgique.

Mon voyage de nuit en Ferry pour la cote glaciale anglaise, leur petite maison a Brighton, elle en haut des escaliers, les cheveux blonds, qui regardait son sosie, moi.

Je me rappelle lui avoir demandé de m'excuser de ma longue absence, elle voulait plutôt parler de notre futur ensemble.

Elle était très sympathique avec un humour qui ressemblait étrangement au mien.

Donc c’était vraiment ma fille.

Sa mère était heureuse. Elle n'avait pas eu d'autres enfants.

Son cote hippie un peu rebelle avait disparu. Elle était maintenant Yuppie.

Après ça, je passais des mois entiers en Angleterre avec Zellie

J’étais comme dirait Proust ;  A la recherche du temps perdu.

Je dois avouer que j'ai eu beaucoup de chance.

        

Zelda était équilibrée, douce, intelligente, et très marrante, avec, dois-je ajouter, beaucoup de Yiddishkeit,  même si elle ne sait pas ce que ça veut dire.

Elle voulait absolument connaître ses Grand Parents et surtout son Grand Père Jacob.

Je lui annoncé que j'avais une fille le jour même où elle arrivait a Los Angeles pour le voir.

Elle avait Seize ans et ils sont tombés amoureux sur le champ.

Elle l'embrassait et l'enlaçait a longueur de journée et insistait pour manger tous ses repas avec lui.

Elle lui disait dans un français parfait, qu'il était beau, qu'il avait une grande classe et un cœur doux.

Elle adorait ma mère bien sûr, mais Jacob et Zelda étaient devenus complices.

Ils avaient, tous les deux, des yeux bleus perçants qui reflétaient à l'un et à l'autre leur lien de sang.

A la fin de son premier séjour a Los Angeles, elle avait passé un après-midi entier avec lui en tête à tête.

Il l'a béni et lui a donné le nom de Sarah.

Ils  se sont revus beaucoup de fois au fil des années, et s’écrivaient religieusement.

Elle est mariée maintenant, et elle a deux beaux enfants.

Son fils porte le nom de mon père. Doran Jacob Elliott (2 L et 2 T).

Son mari et elle sont tous les deux professeurs et vivent a Eastbourne, pas loin de Brighton sur la cote-sud de l’Angleterre.

Je vais les voir aussi souvent que possible. Et eux viennent rendre visite a une vieille juive marocaine, qui habite Los Angeles depuis 50 ans, et qui parle Anglais, comme moi le Mandarin.

Elle  adore « Jelda et les zanfans »

Je suis heureux d’être venu  découvrir ma fille car c'est une femme extraordinaire et pleine de vertus.

Et, si, je ne peux jamais vraiment être son Père, car quatorze ans d'absence m'en empêchent, Je peux toujours être grand-père a part entière.

Elle répète toujours, a qui veut l'entendre, que l'honneur de sa vie a été de rencontrer et de connaître Son grand père Jacob.

 

Victor Ihyia Assouline

 victorassouline48@gmail.com

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