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De Carthage au Sud, il y a D.ieu. Par Abraham Habib Ben David

 

 

 

Le Judaïsme africain est un sujet intéressant, car toujours, ceux qui s’en approchent sans respect révèlent très vite leur propre manque de couleur. Pour ne pas dire leur vraie couleur, qui est la monotonie. Les Juifs Africains sont trop vivants pour une Edith Bruder.

En voyant les bas reliefs Assyriens et Babyloniens décrivant des soldats Israélites de l’antiquité, on remarque immédiatement qu’ils ne ressemblent en rien à Edith Bruder.

Peut-être dans l’antiquité les seuls représentants de son type sont-ils à trouver parmi les Vikings?

 La Mishna du traité de Nega’im fait état d’un certain aspect physique de la population générale de l’époque de Rabbi Ishmael. Ils étaient de la couleur du Askeroa, l’arbre d’ébène.

Mais il y avait des Israélites qui avaient bien sûr d’autres complexions. Et les histoires de complexions n’étaient utiles pour nos Maitres, que pour identifier la lèpre sous différents types de peau, et non pour authentifier une origine ethnique.

Le propos des Sages de la Torah n’est pas de mettre en cause l’authenticité génétique de ceux qui se réclament du Judaïsme.

Au moyen-âge, le poète Juif Maure Rabbi Yehuda haLevi, offrit un ouvrage important sur la pensée Juive présentée au monde. Ce livre s’appelle Sefer haKuzari. le Kuzari est un aperçu sur la Foi Juive, qui éclaire les thèmes majeurs de l’acheminement spirituel, proposé par le Judaïsme a l’humanité entière. Le livre se fonde sur l’histoire, répandue a l’époque de Rabbi Yehuda Halevi, du roi des Khazars et de son dialogue avec un rabbin Juif, à la conclusion duquel le roi et tout son peuple adoptèrent la Foi Juive.

Rabbi Yehouda Halevi, auteur du Kuzari, était un Juif Maure.

Les Maures étaient principalement des Africains, berbères d’Afrique du Nord, du Sénégal et du Sahel. Entre eux, blancs, bruns, noirs, nul complexes de couleurs n’existaient.

Appelés souvent Sarrazins, ils étaient un mélange ethnique dont le seul point commun était leur origine majoritairement Africaine, avec des ajouts ethniques venus de la péninsule Arabe, du Yémen, et du Moyen Orient.

Leur civilisation, partie d’Afrique, s’étendait jusqu’aux rives au Nord de la Méditerranée, incluant une grande partie de la Péninsule Ibérique, la Sicilie, Malte, la Corse, la Sardaigne et d’autres territoires.

Le Kuzari, histoire racontée donc par un Maure, parle fièrement de l’adoption du Judaïsme par un peuple qui pour l’auteur, faisait partie des « Franj », comme les Maures nommaient les Européens.

Dans son livre, Rabbi Yehouda Halevi décrit une conquête spirituelle pour le Judaïsme, faite dans un dialogue respectueux et pacifique.

Il ne s’agit pas pour l’auteur d’établir un précédant pour discréditer plus tard l’authenticité du Judaïsme des descendants Khazars sur une base génétique.

De telles absurdités sont réservées aux antisémites, et à ceux obsédés par des notions de races pures.

Que les Khazars se soient judaïsés, c’est à leur honneur, car ils font depuis partie de l’aventure du Judaïsme, partageant les peines et les joies du peuple d’Israël, et portant leur nom.

Il est inutile d’aller compter les pourcentages de gènes qu’ils portent de leur origine exclusivement européenne, contre le pourcentage des ‘gènes juives d’origine’ dont ils sont porteurs par mariages, et d’autres sottises de ce genre.

Les Juifs Africains, qui réclament aussi leur affiliation à la Torah, ne devraient pas être soumis au tamis de l’authenticité, génétique ou autre. Ce serait une insulte au Judaïsme. Bien sûr les Juifs Africains ont hérité de leurs ancêtres, qui ont résidé sur le continent Africain depuis les temps bibliques, de leur culture et leur Foi. Mais cette culture et cette Foi ne se basent pas sur un positionnement de supériorité « naturelle ». La valeur humaine dans le Judaïsme, est un acquis qui provient de l’effort individuel. Même si on est fils de Cohen Gadol, la valeur n’est pas garantie.

Il y a eu certes des Juifs Africains, des siècles avant qu’il y ait eu des Juifs Européens.

Mais ce fait en soi ne veut rien dire, puisque pour le Judaïsme, c’est le contrat spirituel entre l’individu et Dieu qui prime.

Nous disons à nos frères dans la Foi venus d’Europe, nous vous acceptons comme Juifs à part entière, si vous respectez les préceptes de notre culture, qui est la Torah Ecrite et Orale.

Malgré le dicton du Talmud de Jérusalem qui dit  » De Carthage au Sud, il y a D., mais de Carthage au Nord il n’y a pas D. » ce qui veut dire que pour eux, l’Europe était symbolique en soi de la mécréance, pour nous cette époque est heureusement révolue. Maimonide, leader du Judaïsme égyptien à son époque, a été etudié, et ses décisions éventuellement respectées, par les communautés Juives en Europe. Même chose pour Rabbi Yossef Caro, un autre Juif de la civilisation Maure. Le Baal Shem Tov a fait en Europe toute sa révolution spirituelle sur la base du Zohar, une tradition Marocaine. (voir l’introduction de Or haH’ama par R. Abraham Azoulay, commentaire approuvé par le Hasidisme)

Le même Baal Shem Tov disait que la plus grande autorité spirituelle de son époque, était Rabbi Haim Ben Attar, un Maitre Marocain.

Quand nous entendons de telles choses, nous sommes fiers de nos frères Européens.

Dans la tradition des Maitres du Maroc, il y a de nombreuses histoires sur le Judaïsme intra-Africain, comme les histoires des Beney Moshe, de la Qahina, et des tribus Juives au Sud du Niger.

Le Zohar contient des passages du Livre de Enoch, qui a été préservé par les Beta Israël d’Ethiopie et authentifié (aux yeux des Européens) par les manuscrits de la Mer Morte.

La beauté de la Thora, et la valeur intemporelle de ses Préceptes est ce qui compte.

Madame Edith Bruder, en présentant un ouvrage qui parle du Judaïsme Africain comme un mythe, met en place une problématique à caractère raciale, livre qui, étrangemment a été financé par les institutions juives

La Shoa est une tragédie liée de manière évidente aux dérives des discours raciaux, discours délirants qui perpétuaient le mythe que la nation Juive est essentiellement une ‘race’, niant ainsi le fait que le Judaïsme est principalement un phénomène culturel.

Non seulement les notions de ‘race’ sont désintégrées par la science moderne, mais elles sont aussi aux antipodes des propos du Judaïsme.

Après ce que l’on sait du racisme quasi-institutionnel dont les Noirs en général, et les Juifs en général ont fait l’objet, il est plutôt décevant de voir à ce jour, une attaque raciste venant contre les Juifs Noirs, avec une tentative de nier ou d’effacer leur existence, et d’invalider leur culture.

Une chose comparable s’était passée en milieu orthodoxe. Il y avait des rabbins Européens qui, doutant de « l’authenticité » des Juifs éthiopiens, proposèrent que ceux-ci passent par un processus de conversion. Or, Rabbi Obadia Yossef avait dit à ces rabbins Européens qu’ils ne devraient pas exiger de telles choses des Juifs Ethiopiens, ou eux mêmes pourraient être confrontés à démontrer leur propre origine juive, ce qui pourrait causer beaucoup de problèmes.

Suite à cette proposition, l’opposition s’est immédiatement calmée. Simplement parce qu’il n’existe pas de moyen de faire une telle démarche. Et faire une chose pareille pourrait être un désastre dans le cas des Juifs Européens, qui sont majoritairement héritiers de génétique purement Européenne. Pourquoi aller dans une direction pareille? La culture Juive n’est elle pas assez riche pour inspirer n’importe qui, à se joindre à la famille Israëlite? Les souffrances des Juifs « auto-proclamés » qui, en Europe comme en Ethiopie, ont refusé de quitter leur culture Juive, et rejettent d’adopter celle de leur persécuteurs pendant des siècles, souvent au prix de leur vies, ne sont-elles pas des preuves suffisantes?

Les convertis célèbres de Pologne comme Abraham ben Abraham, condamné au bûcher, et le converti Gordon d’Ecosse qui paya aussi de sa vie pour avoir choisi le Judaïsme au lieu du Christianisme, et les innombrables convertis de tous les siècles, ne méritent-ils pas d’être héritiers de la culture de leur choix?

Dans la prière quotidienne, le converti, comme tout autre Juif, dit : « Notre D. et D. de nos pères, Abraham Isaac et Jacob »….Et les enfants de ce converti, tous ses descendants, ne seront pas considérés des convertis, mais Israël a part entière. Ceci est la réalité du peuple Juif, loin de toutes les qualifications de mythes, et de prétendue authenticité.

Des millions de Juifs aujourd’hui peuvent très possiblement, être descendants de « convertis ». Mais ils ne le sauront jamais. Pourquoi? Parce que pour le Judaïsme, cela n’a absolument aucune importance.

Si le point de révéler son origine Juive, comme c’est le cas pour des communautés Africaines, peut inspirer un retour à la Torah, que peut-il y avoir de mieux? Que des descendants de familles et d’anciennes communautés Juives reviennent au Judaïsme, comme c’est le cas au Portugal, au Brésil, à Sao Tome, en Espagne, en Ethiopie avec les Beta Abraham, au Zimbabwe, au Mali, et même en Pologne, quel est le problème que cela pourrait poser? Pour la culture Juive, aucun !

Mais pour ceux qui ont des motifs ultérieurs, d’argent, ou d’appartenance politique (liée à l’argent), cet éveil à l’identité Juive peut être problématique.

C’est comme l’histoire du chien mort du millionnaire pour lequel le rabbin doit faire qaddish, avec la célèbre exclamation du rabbin: « mais, vous ne m’aviez pas dit que votre chien était juif!!! » Ceci est de l’humour Juif, donc il se cache quelque chose de vrai derrière cette blague. De tels gens existent, pour lesquels le Judaïsme aussi peut être un outil de promotion ou de division. Un steak, à partager seulement avec ceux qui sont d’une certaine classe sociale.

Si un milliardaire vient convertir une chrétienne qui porte une croix devant le Rabbin, celui ci est supposé pour ces gens, trouver du charme dans son geste, et procéder. Par contre, si un Africain venant d’un pays pauvre comme l’Ethiopie, se dit être Juif de souche, on fait la moue, on a des doutes.

C’est trop évident, pour ceux avec trois grains de sel dans l’esprit. Et trop navrant.

Edith Bruder fait partie de ceux qui, sans honte, osent parler au nom du Judaïsme, quand ils n’ont ni les connaissances, ni les valeurs qui représentent cette culture.

La question se pose: est-ce que ce qui fait peur aux Edith Bruder derrière le phénomène du Judaïsme Africain, est la puissance même du Judaïsme? La capacité que notre culture a, de susciter un éveil intellectuel et spirituel, qui va beaucoup plus loin que la satisfaction d’appartenir à un club privé?

Le Judaïsme, dont elle se réclame, sans arriver à accomplir les préceptes, peut-il inspirer des millions d’autres qui eux, pourraient arriver à cet accomplissement?

Des gens comme elle, ne peuvent pas s’ériger en gardiens de la culture Juive, parce qu’ils en sont fondamentalement ignorants, et de ce fait, pourraient même en être méfiants.

Les Sages d’Israël ont prévu que des tartuffes de ce genre allaient venir essayer de prendre le contrôle de la culture Juive. Pour cela, ils nous ont laisse traditions sur traditions, midrashim sur midrashim, halakhot sur halakhot. Avec une telle richesse culturelle, les hypocrites et ignorants montrent tout de suite leur face.

On ne peut pas, on ne pourra jamais, qui que l’on soit ou prétend être, réduire le Judaïsme au port de l’Etoile Jaune. Cette réduction a un caractère insultant pour les victimes de l’antisémitisme, et envers la beauté de la culture Juive qui célèbre la vie, et qui vaincra toujours ses détracteurs. Les cyniques de tous bords, qu’ils soient des antisémites, adeptes des théories raciales, ou même des Juifs qui refusent de voir que l’étendue du Judaïsme va bien au delà de la victimisation, ne peuvent pas jouer le rôle de décideurs de qui est Juif, et jouer un jeu dont la duplicité ne va pas sans rappeler les lois sur les pourcentages d’ascendance Juive pratiquées par les régimes ignobles des fascistes de la 2e guerre mondiale.

L’étroitesse de leur univers étouffant ne peut survivre sous la lumière de l’intelligence qui caractérise la richesse culturelle qui est l’héritage de tout Israëlite.

Le Judaïsme, dans toute sa puissance, s’éveille en Afrique.

Le Talmud, le Zohar, le Rambam, les halakhot du Ben Ish Hay, les histoires des Saints du Maroc, le Sefer Hanokh, les traditions des Kessim des Beta Israel d’Ethiopie, les récits des 10 tribus, leurs lois, les Midrashim, y sont étudiés. Les prières journalières, les Shabbatot, les fêtes et les jeûnes y sont pratiqués.

Des enfants y commencent leur éducation par Pirkey Avot et la lecture Shabbatique des Tehilim avec Taamim. C’est cela, qui constitue le Judaïsme, et non pas un préjugé racial, économique, ou géographique.

Au delà d’Edith Bruder , on ne peut être pour le moins qu’étonné de constater que des institutions comme la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et la Fondation du Judaïsme Français ont pris une part importante dans la réalisation de ce brûlot.

 

Abraham Habib Ben David

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