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'Paris est devenue une ville que les Juifs quittent discrètement, mais continuellement'

 

'Paris est devenue une ville que les Juifs quittent discrètement, mais continuellement'

 

par Mylène Vandecasteele

 

On entend de plus en plus parler français dans le quartier de l’Upper West Side, et notamment aux alentours des  synagogues de la 75ème rue, la 78ème rue et la 84ème rue. Et pour cause : de plus en plus de Juifs français émigrent vers les Etats-Unis, rapporte la Stampa.

Ce phénomène aurait connu une accélération depuis le massacre commis par le djihadiste Mohamed Merah à Toulouse le 19 mars 2012, au cours duquel un rabbin et trois enfants ont été assassinés au collège-lycée juif Ozar Hatorah.

Mais selon Zachary, un gestionnaire de transport qui vient de la ville de Strasbourg, cet exode discret aurait coïncidé avec la seconde Intifada Palestinienne. « Si New York est pleine de Juifs français, c’est parce qu’en 2002, une période d’agressions physiques de la part des Arabes à notre égard a débuté en lien avec la seconde Intifada, et qu’elle ne s’est toujours pas arrêtée. Cela n’a fait que transférer le conflit du Moyen Orient jusque dans nos rues », en dit-il.

La France héberge la seconde plus grande communauté juive du monde, après les Etats-Unis, et hormis Israël. Plus de 80% des presque 600.000 Juifs français sont des Juifs Sépharades, qui proviennent du Maroc, de Tunisie ou d’Algérie, et dont les familles ont cohabité pendant des siècles avec les Musulmans. Ces familles ont été forcées de quitter le Maghreb dans les années 1950 et 1960 en raison de pogroms arabes. Mais pour Daniel, un banquier français de Manhattan, l’intolérance à l’égard des Juifs avait débuté avant 2002, mais elle s’est intensifiée après la Seconde Intifada. « Le meurtre d'Ilan Halimi, un jeune homme de 23 ans, en février 2006, a été le premier choc. Puis d’autres ont suivi », dit-il.

Pour Noam Ohana, manager de BeaconLight Capital, le manque d’opportunités en France est une autre partie de l’explication. « Nous avons déménagé des banlieues de Paris vers son centre, puis au 16ème arrondissement, où il y a plus de restaurants casher qu’à Manhattan, et l’étape suivante, c’est Israël ou New-York », décrit-il dans son livre « De Sciences Po à Tzahal ». Pour les Juifs orthodoxes, il est difficile de trouver du travail en France, alors qu’à New York, la tolérance pour les pratiques religieuses est bien plus grande.

Mais c’est tout de même le climat d’hostilité qui est la première motivation. «Des épisodes de violence se produisent constamment dans les rues ou dans le métro », explique Aaron, designer dans une start-up. « Ils vous forcent à marcher la tête baissée, et à mettre un chapeau pour cacher la Kippa ». Quant à la police française, il juge qu’elle dissimule la véritable ampleur de cette hostilité, en classant ces faits-divers comme des actes d’antisémitisme, sans évoquer les violences physiques et les vols qui peuvent y être associés.

« Le résultat, c’est que Paris est devenue une ville que les Juifs quittent discrètement, mais continuellement, emportant avec eux leurs traditions et leurs symboles », écrit le journal. Comme les jerseys du « Menorah FC » qui joue à Harlem, ils contribuent à façonner l’identité de la France, où le nombre de Musulmans augmente, tandis que celui des Juifs se réduit », conclut-il.

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