ROBERT HOSSEIN et son fils le rabbin ROBERT HOSSEIN et son fils le rabbin Aaron ELIACHEFF.............
Robert Hossein : «Ce qui est important, c’est de vivre en fonction de sa foi»
Au théâtre de Paris, Robert Hossein restitue l’un des procès les plus retentissants du XXe siècle : «L’Affaire Seznec». L’occasion, pour Actualité Juive, de rencontrer le comédien, réalisateur et metteur en scène, toujours aussi passionné. Il nous fait une révélation surprenante : le rav Eliacheff de Strasbourg est son fils !
Actualité Juive : Ida Chagall vous a qualifié «d’espèce de bohémien» . Pour Jacques Weber, le Robert Hossein bourru de l’écran cache un homme fragile. Etes-vous d’accord ?
Robert Hossein : Je vais être honnête avec vous : je ne me scrute pas ! Je pose mes regards sur d’autres que moi. Il y a tant à écouter et à entendre concernant les autres qu’il y a longtemps que je ne fais plus de rétrospective sur mon cas. C’est sans doute le privilège de l’âge : on met ses ambitions au service des autres.
A.J. : Une enfance pauvre, la vie de bohème à Saint-Germain-des-Prés, le théâtre, le cinéma et la gloire. Pourquoi avoir, en 1970, renoncé à cette vie pour prendre en charge le Théâtre populaire de Reims ?
R.H. : J’ai fait le choix, au moment de la saga des «Angélique», de renoncer à ce confort et je suis parti huit ans à Reims pour ouvrir une école. J’ai pensé que je pouvais servir à autre chose qu’à moi-même. Avec des acteurs comme Weber qui sortaient du Conservatoire, on a fait quelque chose d’extraordinaire. Anémone et Adjani s’y sont révélées. Je me suis évidemment couvert de dettes !
A.J. : Une démarche qui amorçait votre rapport à la religion...
R.H. : Comme mes parents n’avaient pas d’argent, ils me changeaient régulièrement de pension, quelle que soit la religion qui y était pratiquée. A la fin, je connaissais toutes les religions du monde ! À Reims, je suis devenu ami avec l'aumônier du spectacle. Le jour où il a béni mon fils, il m’a dit : «Puisque tu es ici, trempe-toi un peu ! ». Je me suis converti. Nous ne sommes pas même un souffle dans l’univers. D’ailleurs, l’affiche du spectacle - ce sera le dernier - que je rêve de réaliser, si D’ieu me prête vie et si j’ai le pognon, sera la galaxie avec, tout autour, des symboles de religions. Je vais raconter la foi dans le respect des uns et des autres. Il est urgent d’aller les uns vers les autres. J’attends un miracle et il semble se profiler...
A.J. : L’un de vos fils, Aaron Eliacheff, est rabbin. Il donne des cours de religion à Strasbourg...
R.H. : Là, c’est une autre histoire ! J’ai eu Nicolas avec Caroline Eliacheff. Je le destinais à devenir comédien. Il était remarquable, notamment dans «Le mur». Mais il en a décidé autrement. Je pense qu’il avait consulté sa grand-mère, Françoise Giroud et qu’il en avait discuté avec son beau-père, Marin Karmitz. Dès lors, je n’avais rien à dire quant à son choix. Il a pris le nom de sa mère et il a donné un autre sens à sa vie. Un autre de mes fils est devenu bouddhiste et un autre semble très attiré par l’islam. La seule chose qui compte, c’est le sens que l’on donne à sa vie. Au début, j’ai un peu déploré son choix parce que je trouvais qu’il pouvait être un acteur remarquable...
A.J. : Ecoutez-vous ses cours ?
R.H. : Non car même dans les églises, je m’installe seul ; je guette un signe. Je suis très heureux du choix qu’il a fait et qu’il assume. La question n’est pas de savoir si nous croyons en D.ieu ; je connais des gens qui ne croient pas en D.ieu et qui sont, s’Il existe, dans Ses bras et d’autres qui croient et qui n’y seront jamais ! Ce qui est important, c’est de vivre en fonction de sa foi. J’ai la même admiration pour Aaron que pour mes autres fils. Tout s’articule autour de l’amour et du respect que l’on peut avoir pour les autres. J’ai écrit une pièce, «Responsabilité limitée» sur la stupidité de toute forme d’antisémitisme. C’était après la guerre ; elle a fait grand bruit et un critique a écrit : «Heureusement que ce problème n’existe plus». Ce à quoi j’ai eu envie de répondre : «Méfiez-vous....»
A.J. : Dans votre pièce «l’Affaire Seznec» - exacte reconstitution du procès de 1924 - les spectateurs, munis de jetons, sont les jurés...
R.H. : Ce n’est pas un spectacle : on assiste à un procès dont on devient l’un des jurés et on vote en son âme et conscience. Les comédiens ont pour mot d’ordre d’oublier les spectateurs et de vivre leur procès, de régler leurs comptes !
A.J. : On y rencontre des personnalités louches, comme Pierre Bony...
R.H. : Bony a été fusillé à la libération. Rue Lauriston, avec son copain Laffont, ils ont torturé beaucoup de Juifs.
A.J. : L’Affaire Dreyfus n’est pas très loin. Le microcosme de la pièce n’est-il pas une radiographie de l’époque quelque peu antisémite ?
R.H. : Absolument ! J’ai toujours voulu faire un spectacle sur Dreyfus. Michel Legrand m’avait proposé de monter sa comédie musicale sur ce sujet ; malheureusement, son projet n’a pas abouti.
A.J. : Vous allez recevoir un prix de l’Association Zakhor pour la Mémoire...
R.H. : Vous voyez, chacun apporte sa contribution avec sa propre foi, du moment qu’il l’assume !
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Rav Aaron Eliacheff :
«Les racines juives de mon père, Robert Hossein, remontent à son grand-père, un certain Minkowski»
Un des fils de Robert Hossein, le rav Aaron Eliacheff qui officie à Strasbourg livre son regard sur un père à la carrière éblouissante.
Actualité Juive : Dans l’entretien que votre père nous a accordé, il précise qu’il vous destinait à une carrière de comédien.
Aaron Eliacheff : Je ne sais pas si j'étais un bon comédien. Un peu d'hérédité et une excellente formation m'ont permis d'intégrer par la suite facilement le Conservatoire de Paris : j'ai suivi d'abord le cours Florent, comme tout le monde, ensuite le cours de Pierre Reynal, le professeur de Maria Casarès, qui était un personnage génial. De nombreuses années après, je l'entends encore réciter Baudelaire, «le Bateau ivre» de Rimbaud, ou bien «Ruy Blas» ou «Lorenzaccio». Il m’arrive aujourd’hui de déclamer dans ma cuisine des vers ou des morceaux de stances de l'un ou l'autre à mes enfants toujours un peu interloqués ! J'étais bien parti pour faire une carrière artistique : à dix-neuf ans j'avais déjà joué dans une pièce montée par Peter Brook et dans un très beau film sur les prisons turques de Ylmaz Guney (qui avait eu l'année d'avant la palme d'or au festival de Cannes). Je n'ai pas choisi entre l'art dramatique et la vocation de rabbin, j'ai plutôt "choisi" entre un judaïsme culturel et un judaïsme existentiel dont la problématique est très bien résumée dans le livre de Marthe Robert "Seul comme Franz Kafka". Le rabbinat fut un hasard pour moi, suite à une proposition sympathique du grand rabbin René Gutman (grand rabbin du Bas-Rhin, NDLR) à un moment charnière de mon étude et de mon enseignement.
A.J. : Votre père évoque les rôles joués par votre mère, Caroline Eliacheff, et votre beau-père, Marin Karmitz dans votre vocation rabbinique …
A.E. : Je dois à ma mère (1) mon judaïsme, une certaine lucidité, une recherche et un refus des faux semblants qui m'ont permis dans le judaïsme d'éviter les écueils de la religion et du conformisme, mais c'est surtout Marin Karmitz (2), mon beau-père, dont l'authenticité et les valeurs m'ont mis sur le chemin du judaïsme, concrétisé par la suite par mon maître le rav Yehoshoua Gronstein. Ils se sont d'ailleurs associés pour faire un lieu unique à Paris, l'Association pour le développement de l'Etude que j'encourage chacun à fréquenter. (3)
A.J. : Quid des origines de votre père ?
A.E. : Les racines juives de mon père remontent à son grand-père, un certain Minkowski, que sa générosité, m'a raconté un jour mon père, a sauvé. En effet au moment de la révolution russe il a réussi à s'échapper et à gagner Berlin avec sa fille et sa femme grâce à la clémence des étudiants prorévolutionnaires nourris par ses soins pendant les années précédant la révolution. Je pense que le catholicisme a certainement besoin de gens comme lui, ou comme Jean-Paul II, pour sortir d'un état parfois figé et peu enthousiasmant.
A.J. : Que pensez-vous de son parcours ?
A.E. : J'ai toujours adoré les spectacles de mon père parce qu'il prend toujours beaucoup de risques pour défendre ses visions inspirées et puis mon âme russe sans doute réagit à ses accents mélos. C'est pour moi le spécialiste incontesté du "coup de théâtre" et il a un sens de la résurrection des morts assez impressionnant.
A.J. : Le voyez-vous souvent ?
A.E. : Mes relations avec mon père sont devenues plus régulières ces deux dernières années. Comme le dit si bien le capitaine Haddock à la fin d'une des aventures de Tintin : "Tout est bien qui finit bien". »
Commentaires
Etonnant parcours que celui des ces trois Hossein, un grand-père était zoroastrien d'Azerbaïdjan, Robert le petit-fils est chrétien, et l'arrière petit-fils un rabbin juif.
Qu'ils soient bénis tant il est vrai que les voies du (?) sont impénétrables.
C'est un bien beau chemin que celui de ceux qui trouvent librement leurs voies.
Où puis-je trouver des dvd de vos spectacles un homme nommé jésus et/ou jésus était son nom ? Merci de votre réponse. Bonnes et saintes fêtes de Noel.
Bonjour,
Je ne sais pas si ce message remontera à monsieur Hossein mais je tenais à lui dire que cela fait x fois que j'ai vu son film " les misérables " et que ce soir encore l'émotion était au RDV !
Beaucoups d'acteurs sont " partis " depuis et Lino exprime une forte impulsion d'humanisme sous la direction visuelle de Robert.
Cela fait certainement des milliers de remerciements que vous avez déjà reçus mais en 2014 cette interprétation des Misérables restera une merveille dans l'histoire du cinéma .
Rien n' à vielli
Rien n'est à modifier
Monsieur Hossein: vous avez une grande part de compassion, de sensibilité et d'amour dans ce que vous faite !
De telle personnes comme vus ne devraient jamais mourir ( JW.ORG pour + de détails sur les questions essentielles que l'on se pose tous...)
Encore un grand merci , Robert....
Philippe Sergueenko
Directrice d'une école catholique,je souhaiterais m'entretenir avec monsieur Robert hossein.
Merci
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