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Maroc. Pourquoi l’alerte aérienne est à prendre au sérieux

 

Maroc. Pourquoi l’alerte aérienne est à prendre au sérieux 

 

 

Depuis une semaine, des batteries anti-aériennes sont déployées à Casablanca, Mohammedia, Marrakech, Tanger et Jorf Lasfar ou sont en cours de déploiement près des centres névralgiques du Maroc. Des mesures de prudence fortes face à des menaces qui ne sont pas légères.

Depuis le 15 juillet dernier, et les combats qui ont eu pour scène l’aéroport libyen de Tripoli, les pays de la région sont sur le qui-vive. Non seulement, 20 avions ont été détruits ou fortement endommagés en quelques heures ce jour-là, mais plusieurs avions (deux à onze, selon les sources), ont quitté les aéroports de Tripoli et de Misrata pour des destinations … inconnues.

Selon Reuters, à la date du 15 juillet, 31 avions se trouvaient parqués sur les pistes de l’aéroport de Tripoli au moment du déclenchement des combats.

Après les attentats du 11 septembre 2001, une date-anniversaire qui se rapproche, et la disparition toujours mystérieuse du Boeing malaisien depuis le mois de mars dernier, aucun événement de ce type, aucune disparition d’avion n’est prise à la légère.

>Les deux Airbus n'ont pas été volés par des jihadistes

L’information sur deux Airbus de la compagnie aérienne Afriqiyah Airlines qui ont quitté Misrata pour une destination inconnue a pris une tournure plus dramatique lorsque le PDG de la compagnie aérienne tunisienne Syphax Airlines Mohamed Frikha a affirmé dans une interview à une radio que les avions avaient été volés par une milice jihadiste, leurs transpondeurs débranchés, en attendant un usage terroriste. M. Frikha était injoignable ce lundi à son bureau à Tunis.

Médias 24 a remonté le fil de cette histoire pour découvrir que deux avions Airbus d’Afriqiyah Airlines ont bien disparu de l’aéroport de Misrata au lendemain des combats sur le tarmac de l’aéroport de Tripoli le 15 juillet dernier. Nous avons découvert que les deux Airbus A320 ont effectuvement disparu de Misrata mais qu'ils sont gardés en lieu sûr ailleurs.

En réalité, leur propriétaire Air Contractors a choisi de les mettre à l’abri sur l’aéroport de La Valette à Malte. Afriqiyah Airlines est client de Air Contractors, compagnie spécialisée dans la location et le leasing des avions, depuis mars 2014. Le propriétaire avait été alerté par la compagnie qui avait constaté le vol des transpondeurs des avions.

Le déplacement des deux Airbus est donc intervenu pour protéger les avions et parce dans la foulée des combats du 15 juillet à l’aéroport de Tripoli, les compagnies d’assurances ont subitement augmenté les primes. Un site spécialisé, citant la Barclays Bank, rapporte que l’estimation la plus basse des dommages subis le 15 juillet à Tripoli est de 200 millions de dollars avec un maximum de 400 millions de dollars.

>Des avions détruits à l'aéroport de Tripoli

Si Reuters parle de 20 avions détruits ou endommagés ce jour-là, le même site spécialisé ne parle que de treize appareils dont un Airbus A330-220 et un jet régional Bombardier 5A-ONF d’Afriqiyah Airlines. D’autres avions de la Libyan Airlines et d’Air Libya, de Buraq Air et de Med Avia ont également été détruits ou endommagés selon d'autre ssources. Dans cet embrouillamini invraisemblable, il est très difficile de se faire une opinion précise.

Depuis plusieurs jours, des journaux algériens parlent pour leur part de 11 avions disparus de Libye avec des destinations inconnues. 31 avions qui étaient sur le tarmac de l’aéroport de Tripoli moins les 20 avions détruits selon Reuters, cela donne … 11.

En tous les cas, depuis 2012 et les attaques de l’Otan en Libye, la défense anti-aérienne algérienne est en alerte à l’ouest du pays du côté de la frontière libyenne avec laquelle elle partage plus de 1.500 km de frontières. Des escadrons de chasseurs sont mobilisés et d’après Akram Kharief d’El Watan, un radar installé à la frontière algéro-libyenne couvre la moitié du territoire libyen.

Tripoli bombardée

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Enfin, ce lundi, des bombardements aériens et des explosions d’origine inconnue ont été entendus à Tripoli et au–dessus de Tripoli "par des avions non identifiés" selon Reuterr. Vérification faite auprès d’un journaliste libyen sur place à Tripoli ce matin, Younès Ali de Jaridat Trablous, les avions seraient libyens et occidentaux. Mais l’incident démontre qu’aujourd’hui, des avions peuvent survoler Tripoli, bombarder et repartir sans être inquiétés …

Ce faisceau d’éléments concorde même si les bombardements sur certaines positions de milices jihadistes à Tripoli et autour de Tripoli peuvent également être le fait de l’aviation algérienne ou égyptienne comme cela est déjà arrivé au moins une fois depuis le mois de mai dernier.

Ce qu'il faut retenir de ce qui précède, c'est qu'il y a une forte présomption de disparition d'avions civils et/ou militaires pouvant servir de bombes volantes pour des attentats.

Un arsenal impressionnant chez les jihadistes

Selon le consultant en sécurité international basé à Londres Olivier Guitta avec lequel Médias 24 a pu s’entretenir dimanche 17 août, "la menace que représente la Libye et ses groupes armés pour la sécurité régionale à court et moyen termes est bien plus sérieuse que la menace de l’Etat islamique en Syrie et en Irak".

Olivier Guitta donne et rappelle une explication que les experts connaissent maintenant depuis trois ans: La chute de Khaddafi a mis sur le marché un volume d’armements sans commune mesure avec ce que l’on peut trouver dans d’autres régions du monde.

Et la Libye est à moins de 3.000 km de Casablanca ou Marrakech, voisine de l’Algérie, de la Tunisie, de l’Egypte, du Mali et à présent incontrôlable, sombrant dans le chaos militaire et politique. A Tobrouk (est libyen) où se réunit le parlement libyen faute de pouvoir le faire à Tripoli à cause de l’insécurité, les députés ont appelé à "une intervention étrangère" pour sauver ce qui peut encore l’être du pays.

"Somalisation"

Hélène Bravin, auteur de "Khadafi, vie et mort d’un dictateur", indique sur Rue89.com que «depuis la révolution libyenne en 2011, les milices se sont constituées en plusieurs régions militaires, au nombre de sept, instituant une somalisation du pays: elles se sont réparties le territoire libyen sans qu’un pouvoir central ne puisse désormais les contrôler."

L’autre élément qui, ce week-end, est venu renforcer les préoccupations sécuritaires au Maroc sont les informations publiées dans la presse saoudienne et indiquant que des jihadistes marocains se sont entraînés au pilotage d’avions en Libye et en Irak. Depuis fin 2013, les partisans jihadistes d’Al Baghdadi ciblent de plus en plus le Maroc dans leurs efforts de  recrutement et de menaces à sa sécurité et sa stabilité. La même source précise que les avions dérobés en Libye, sont des avions civils ET militaires.

Le Maroc a déjà connu plusieurs alertes anti-terroristes, dont la plus forte et la plus longue est celle des printemps-été 2007. Elle n’avait pas vu un tel déploiement anti-aérien.

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