Retour d’Israël - par Guy Millière
Retour d’Israël - par Guy Millière
Ce séjour fut l’occasion pour moi de donner plusieurs conférences et de rencontrer quelques centaines de personnes. Je sais que nombre de ceux qui auraient voulu venir m’écouter et converser avec moi n’ont pas pu, faute de place. Je leur dis ici : ce ne sera que partie remise. D’autres conférences seront organisées dans les mois à venir, d’autres rencontres, dans des salles plus grandes et, comme je l’ai fait cette fois, je prendrai tout le temps requis pour être disponible. Mon seul but est de donner à comprendre et d’offrir des moyens intellectuels pour déchiffrer le monde.
Etre en Israël m’a donné l’opportunité de retrouver des amis, nombreux, mais aussi de me plonger dans des lieux chargés de sens. Je ne puis être à Jérusalem sans penser à tout le passé spirituel dont cette ville est chargée et sans ressentir que la beauté harmonieuse qui est la sienne est bien davantage qu’une beauté harmonieuse : la trace omniprésente et palpable de plus de deux millénaires d’histoire.
Je ne puis prendre la route de Tel Aviv sans me sentir étreint par l’émotion en songeant à ceux qui se sont battus dans la vallée et sur les montagnes pour que renaisse le pays, voici soixante trois ans. En regardant les routes, les maisons, les hauts immeubles qui, au bord d’Ayalon, donnent à la ville des allures de Manhattan ou de downtown Los Angeles, je ne puis que méditer sur l’immensité du chemin parcouru en si peu de temps. Six décennies à peine, et l’un des pays les plus modernes, les plus innovants de la planète.
Je tenais à traverser le désert, et j’ai pris la route qui descend jusqu’à Eilat le long de la frontière avec la Jordanie. Je suis remonté en longeant le Sinaï puis en obliquant vers Mitzpe Ramon et la tombe de David Ben Gourion, sur laquelle je suis allé me recueillir. La proximité de tant de pays hostiles alentour n’a pu me quitter l’esprit. Du bord de la mer rouge à Eilat, on voit trois pays : la Jordanie, l’Egypte et l’Arabie Saoudite. La population vit, paisiblement, comme s’il n’y avait aucune menace, et on sent en elle une force paisible et déterminée, très éloignée des discours ineptes et ignobles qu’on peut entendre à son sujet en France et en Europe.
Etant en compagnie de ma fille, j’ai tenu à l’emmener vers la mer Morte, puis vers Massada, en lui expliquant la signification du lieu : dix-huit siècles avant la Révolution américaine, et la phrase de Patrick Henry, « donnez-moi la liberté ou donnez-moi la mort », des Juifs debout, soulevés contre l’envahisseur romain ont prononcé des mots semblables. Dans les vestiges de Massada, sur les hauteurs rocheuses, la devise qui s’entend souvent en Israël, « Massada ne tombera pas une deuxième fois », prend tout son sens.
La route passe à proximité de Jericho : je n’y suis pas allé, car Jericho est dans les territoires de Judée-Samarie occupés par l’Autorité palestinienne, et j’attendrai que l’Autorité palestinienne disparaisse pour faire le voyage. Je ne doute pas que l’Autorité palestinienne disparaîtra, un jour, peut être pas si éloigné.
A hauteur de la mer Morte, la route remonte, entre le royaume palestinien de Jordanie et la Judée-Samarie. On croise des villages juifs, et des villages arabes. On croise, comme partout ailleurs en Israël, fort peu de policiers et quelques rares soldats. Là encore, la réalité est très éloignée des discours ineptes et ignobles qu’on entend en France et en Europe. Les Arabes qui vendent des bijoux ou proposent une promenade en chameau le long de la route se disent Israéliens et, pour désigner le lieu d’origine des pierres semi-précieuses utilisées pour orner les bagues et les colliers figurant sur leurs étals, disent qu’elles viennent du Nord d’Israël.
Arrivé au lac de Tibériade, et parcourant la Galilée, je décide de passer par Nazareth, et je constate que l’église chrétienne au centre-ville est entourée de hauts parleurs débitant des versets du Coran et de panneaux porteurs d’inscription promettant les pires châtiments à ceux qui ne rejoignent pas la foi musulmane : traces du prosélytisme, de l’esprit de conquête et de l’intolérance islamique.
Le long de la route qui mène à Haïfa, je croise les sièges de diverses entreprises qui rappellent qu’Israël est non seulement un pays moderne et innovant, mais le premier pays du monde, par tête d’habitant, en termes d’innovations technologiques dans plusieurs domaines cruciaux, qui vont des biotechnologies médicales à l’intelligence artificielle. On discerne en Israël, comme dans la Silicon Valley aux Etats-Unis, que la richesse est création, et seulement création.
Sur la côte, des villes comme Netanya ou Ashdod évoquent en moi leurs équivalentes californiennes, et je le dis à mes interlocuteurs : la différence est que la Californie est aujourd’hui en faillite alors qu’Israël n’a pas été touché par la crise économique et financière qui sévit depuis 2008.
Le temps de passer par les plateaux de Guysen Television pour un débat, et de rencontrer mon ami David Sebban, et je dois repartir. Un autre de mes amis, Jacques Kupfer me donne le livre qu’il vient de faire paraître et que je commenterai bientôt.
Je passe, une heure, à Yad Vashem : j’y suis déjà allé. J’y reviens à chaque fois. Parce qu’il ne faut jamais oublier. Strictement jamais.
Je dois un moment tout particulier à mon amie Florence avec qui je me rends à Ofra, ville juive de Judée-Samarie. La première ville juive de Judée-Samarie à avoir été reconstruite après que la Judée-Samarie ait été libérée de l’occupation jordanienne. Itamar où a été assassinée la famille Fogel est à quelques pas. Ramallah est à quelques pas également, mais je n’irai pas plus que je ne suis allé à Jéricho. C’est, comme on sait, le siège de l’Autorité Palestinienne. J’attendrai, là encore, que l’Autorité Palestinienne disparaisse pour faire le voyage. Je ne fréquente pas les assassins. Les gens que je rencontre à Ofra sont gentils, intelligents, lucides, extrêmement différents de ce qu’on dit d’eux dans les discours ineptes et ignobles qu’on entend en France et en Europe. L’un d’eux est historien et a écrit divers ouvrages sur Eretz Israel. En montant sur un promontoire, on aperçoit toute la région : il y a des terres à cultiver, des villages à construire, d’immenses espaces vierges. Les villages juifs se protègent.
Si les populations arabes n’étaient imprégnées de haine et de fanatisme, elles pourraient vivre en paix et en coopération avec les villages juifs, et ceux-ci n’auraient pas à se protéger. Je traverse plusieurs fois la barrière de sécurité, et je l’écris ici : elle porte bien son nom. Elle est une barrière dressée à des fins de sécurité. La haine et le fanatisme impliquent la barrière et les mesures de sécurité.
J’ai lu et écouté les déclarations inadmissibles de Barack Obama évoquant les « frontières de 1967 », je dois tenir compte de l’actualité : ces déclarations ne me surprennent pas du tout. Je sais, depuis le temps de la campagne électorale de 2008, qu’Obama est un ennemi d’Israël et un ami des islamistes. Je sais qu’il est un ennemi de la liberté et de la dignité de l’être humain. Les réponses et discours de Netanyahu me semblent être la moindre des choses, et une réaction légitime face à l’indécence absolue d’un homme qui n’aurait jamais dû être Président des Etats-Unis. En France et en Europe, c’est Obama qu’on acclame et Netanyahu qu’on conspue. C’est effroyablement logique : c’est conforme à la logique que j’expose dans « Comme si se préparait une seconde Shoah*».
Je rentre en Europe, et en entendant ce que j’entends dire sur Israël, j’entends parler d’un pays où je ne suis jamais allé et où je ne puis me rendre, parce qu’il n’existe que dans la tête malade de ceux qui parlent.
Il y a la haine et le fanatisme qu’on inculque dans les territoires occupés par l’Autorité Palestinienne, et cette haine et ce fanatisme font deux victimes : Israël qui doit se protéger, et les Arabes à qui sont inculqués haine et fanatisme et qui, plutôt que vivre leur vie, sont transformés en animaux sauvages et en barbares.
Il y a aussi, en Europe, aux Etats-Unis, jusqu’à la Maison Blanche, des complices de la haine et du fanatisme.
Je considère ceux qui décrivent Israël comme un Etat militariste et policier comme des falsificateurs et ceux qui, depuis là, diabolisent Israël et entendent asphyxier Israël en parlant de « frontières de 1967 » comme des antisémites : certains d’entre eux sont Juifs. On peut, hélas, être juif et antisémite. Il y a même des Juifs antisémites en Israël.
Je considère ceux qui parlent de « peuple palestinien » comme des falsificateurs eux aussi.
Je considère ceux qui parlent de l’Autorité Palestinienne comme d’un « partenaire pour la paix » et qui ferment les yeux sur la haine et le fanatisme comme des idiots inutiles, des aveugles volontaires et des racistes anti-arabes : ils pensent en effet que les Arabes sont juste bons à avoir des dirigeants crapuleux et corrompus, et, en finançant ou acceptant que soit financées par l’Europe et les Etats-Unis les injections de haine et de fanatisme, utilisent les Arabes comme des outils de haine et de fanatisme.
Je considère qu’on peut être raciste anti-arabe et anti-sémite : c’est ce que sont tous les « pro-palestiniens » du monde, car ils soutiennent les dirigeants crapuleux et corrompus susdits, car ils utilisent les Arabes comme des outils de haine et de fanatisme, ou consentent à cette utilisation, et car ils utilisent les outils, ou consentent à l’utilisation des outils, à condition que ceux-ci tuent des Juifs, et nuisent à la démocratie israélienne, et à la prospérité la plus large.
Je rentre en Europe, et j’ai l’impression de retourner vers un vaste asile d’aliénés. Je devrai revenir en Israël pour retrouver la vérité. Je pourrai aussi la trouver en Amérique, chez ceux qui ne sont ni antisémites, ni idiots inutiles, ni aveugles volontaires, ni racistes anti-arabes. Il en existe, heureusement. En Europe ils sont une espèce en voie de disparition.
© Guy Millière pour Drzz.fr
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