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Jeux Olympiques - politique : le pouce et l’index

 

Depuis 1896, les Jeux Olympiques ont souvent rimé avec politique. Retour sur un lien plus que centenaire, quelques semaines avant les Jeux Olympiques de Londres.

 

En 1896, quand le baron Pierre de Coubertin fait des Jeux Olympiques un phénix, l’idéal est de rigueur.

Mais les belles intentions resteront utopiques, car très vite le machiavélisme de la politique va prendre le pas sur le sport.

Face au Lac Léman, dans satour d’ivoire vaudoise de Lausanne,le CIO peut se vanter de compter plus de pays membres que l’ONU.

Ironie du sort, l’organe olympique mondial est hébergé par la Suisse, ce pays neutre dont l’ONU reste encore et toujours orpheline, presque sept décennies après sa fondation, sur les cendres de la Seconde Guerre Mondiale, en 1945.

En écho au mythe antique d’Olympie, ville perchée dans les vallées sacrées du Péloponnèse, les Jeux Olympiques reprennent vie à Athènes en 1896.

En 1900, Paris a l’honneur d’être la ville hôte, la même année où se tient l’Exposition Universelle dans la Ville Lumière, onze ans après celle qui a offert un chef d’oeuvre au monde, la Tour Eiffel (1889).
Le XIXe siècle vit son crépuscule, mais Paris est déjà tournée vers le XXe ... La capitale française, quatre ans après Fachoda, dame le pion à sa rivale Londres.

L’héritage de l’Exposition se fera à travers le pont Alexandre III ou le Grand Palais. Et, incroyable vue de notre oeil contemporain, les Jeux Olympiques font partie intégrante de l’Exposition Universellle!

En 1904, les Jeux traversent l’océan Atlantique, exploit que Charles Lindbergh ne réussira en avion qu’en 1927, dans le sens inverse, à bord du Spirit of Saint-Louis. L’avion avait été nommé ainsi en référence au soutien financier de donateurs venant de la ville de Missouri, hôte des Jeux de 1904. C’est en effet Saint-Louis qui accueille ces troisièmesJeux de l’ère moderne, bien que Chicago ait été désignée. Mais la ville de Saint-Louis est l’hôte d’une Exposition Universelle, telle Paris quatre ans plus tôt. A travers des Jeux Olympiques et cette Exposition Universelle, les Etats-Unis d’Amérique font preuve de leur émergence.

En 1908, c’est Londres qui récupère l’organisation des Jeux. Capitale de l’empire sur lequel le soleil ne se couche jamais, comme l’on disait au temps de la reine Victoria, l’orgueilleuse métropole britannique est la capitale du monde, clé de voûte d’une Grande-Bretagne sortie hégémonique d’un XXe siècle qui a consacré sa puissance colonialiste et sa révolution industrielle. Ces Jeux Olympiques londoniens font suite à ceux de 1906 à Athènes, organisés pour commémorer le dixième anniversaire de ceux de 1896.
Londres, ville candidate, a vaincu Berlin dans une élection consécutive au forfait de Rome, initialement choisie par le CIO face à Milan et Berlin. L’éruption du Vésuve en 1906 a sonné le glas des espoirs de la Ville Eternelle, conduisant le gouvernement italien à abdiquer dans ce projet.

Stockholm, ville hôteen 1912, est désignée sans véritable concurrence.

Berlin, candidate malheureuse pour 1908, obtient le précieux sésame pour 1916 mais le déclenchement de la Première Guerre Mondiale plonge les Jeux Olympique dans un premier sommeil ...

De 1914 à 1918, l’Europe s’embrase, après l’attentat de Sarajevo, épicentre d’un conflit qui tire ses origines de la traditionnelle poudrière des Balkans.

Anvers, en1920, est désignée par le CIO en contrepartie des dommages qui ont touché la Belgique durant la Grande Guerre. Voisine de la France et de l’Allemagne qui se sont opposées jusqu’à l’anéantissement de l’ennemi, la Belgique est donc reconnue dans son statut de victime du conflit. Budapest, initialement désignée par le CIO, se voit retirer l’organisation des Jeux, la perle du Danube étant capitale de la Hongrie, état allié de l’Allemagne.
Suite au traité de Versailles, qui désigne en 1919 les nations responsables de la guerre, et redevables des réparations, les Jeux Olympiques mettent au ban les principaux pays d’Europe vaincus: l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Bulgarie et la Turquie.

Pour ces sixièmes Jeux Olympiques, dans la cité des diamants, le CIO accomplit son premier acte politique, au grand dam du baron Pierre de Coubertin. Ce dernier offre aux Jeux le drapeau olympique.Dans ce contexte d’exclusion des nations vaincues, le drapeau et ses anneaux apparaissent comme un paradoxe, dans un idéal de réunion des continents, si divisés après le conflit le plus meurtrier de l’Histoire.

En 1924, les Jeux Olympiques d’étéfont leur retour à Paris, alors que les Jeux Olympiques d’hiver voient le jour à Chamonix, au pied du Mont Blanc, point culminant de l’Europe. Ce retour à Paris est une oeuvre politique endogène, et non exogène. Par l’influence du baron de Coubertin, les Jeux font leur retour en France, alors que le CIO était hostile à la candidature parisienne. Paris devance finalement Amsterdam, Los Angeles, Barcelone, Prague, Rome ainsi que Lyon. Impressionnant, le Finlandais Paavo Nurmi est l’attraction de ces Jeux en athlétisme.

En 1928, c’est Amsterdam qui est hôte des Jeux Olympiques d’été. Pour cette huitième olympiade, la capitale hollandaise voit l’arrivée de la flamme olympique, allumée d’Olympie et arrivant dans la Venise du Nord après un périple. A Amsterdam, Paavo Nurmirenouvelle ses prouesses de Paris.Faute de pouvoir accueillir les Jeux d’hiver selon la règle en vigueur à l’époque, les Pays-Bas laissent cet honneur à la Suisse, via la station huppée de Saint-Moritz.

En 1932, Los Angeles, battue en 1924 et 1928, finit par emporter la mise, dans une Amérique dévastée par la crise économique de 1929. Désignée dès 1923, la grande ville de Californie accueille des Jeux Olympiques en forme de diversion pour un pays en proie à une crise sans précédent, l’année où le président Franklin Delano Roosevelt arrive au pouvoir. Champion olympique à Amsterdam en 1928, le nageur américain Johnny Weissmuller, futur interprète de Tarzan pour le cinéma hollywoodien, conserve son titre sur 100 mètres nage libre. Lake Placid avait accueilli les Jeux d’hiver quelques mois plus tôt.

En 1936, c’est Berlin, vingt ans après, qui est l’hôte des Jeux ... Désignée en 1931 aux dépens de Barcelone, la capitale allemande est depuis victime de la chape de plomb nazie ... Imposantleur férule avec une main de fer à un peuple soumis et aveuglé par une crise sans fin, victime d’une terrible surinflation et des conséquences du traité de Versailles, Adolf Hitler et son Troisième Reich étouffent tous les droits dans une Allemagne qui sombre de jour en jour dans la dictature et le chaos. La haine des juifs, le rejet de l’autre, le culte de la race aryennesont l’oeuvre quotidienne des Nazis. Eminence grise du Führer, Joseph Goebbels se charger d’orchester une propagande dont les emblèmes sont l’aigle nazi et la croix gammée. Après avoir soutenu Mercedes et Auto Union sur les circuits européens, aidant les pilotes Caracciola et Rosemeyer face à Nuvolari, le régime nazi fait des Jeux Olympiques un vecteur de communication mondial.

Heureusement, Jesse Owens, l’antilope noire venue des Etats-Unis, sauve les Jeux du désastre. Quadruple médaillé d’or, Owens est le troisième grand héros des Jeux, après Paavo Nurmi ou Johnny Weissmüller. Couronné sur 100 mètres, 200 mètres, relais et en saut en longueur, faisant preuve de son extraordinaire virtuosité, Owens défie l’aigle nazi dans son fief. Et Hitler, vert de rage, quitte la tribune pour ne pas avoir à serrer la main du champion noir américain ...

Triste coïncidence, l’Allemagne nazie avait bénéficié d’un deuxième écho via les Jeux d’hiver de Garmisch-Partenkirchen, en Bavière, non loin du nid d’aigle du Führer, à Berteschgaden.

En parallèle, Barcelone organise des Jeux travaillistes, dans une ville qui sera bientôt soumise au joug de Franco, après trois ans d’une terrible guerre civile espagnole.

En 1940, les Jeux Olympiques n’auront pas lieu, faute de la guerre mondiale déclarée par la Grande-Bretagne et la France à l’Allemagne nazie. Tokyo, initialement désignée, et privée de son bien après avoir franchi le Rubicon, envahissant la Chine en 1937. Tokyo paie le conflit sino-japonais, Helsinki héritant du bien. Pour les Jeux d’hiver, le Japon subit la même sanction. L’épée de Damoclès s’abat de manière identique sur Sapporo.

En 1948, Londres retrouve les Jeux, qu’elle aurait du organiser en 1944. La sprinteuse hollandaise Fanny Blankers-Koen est la figure de proue de ces Jeux de 1948, remportant quatre médailles d’or. A Saint-Moritz, qui organise les Jeux d’hiver, les absences du Japon, de l’Allemagne et de l’URSS sont remarquées, dans une communauté de nations marquée au fer rouge par la Seconde Guerre Mondiale ainsi que par les prémices de la guerre froide. En Grande-Bretagne, l’organisation des Jeux d’été par Londres est loin de faire l’unanimité, face à la priorité d’une ville à reconstruire et d’une population soumise au rationnement quotidien ... Mais plébiscitée par le CIO, la capitale britannique accueillera bel et bien les athlètes du monde entier.

En 1952, Helsinki, orpheline des Jeux de 1940, est l’hôte de la compétition d’été, qui voit le Tchécoslovaque Emil Zatopek multiplier les exploits, avec un triplé somptueux 5000 m - 10 000 m - marathon en athlétisme. En pleine guerre froide, avant que la coexistence pacifique ne se concrétise, le président du CIO Sigfrid Edström use de trésors de diplomatie afin de convaincre l’URSS de rejoindre le mouvement olympique. Et le CIO convie aussi le Japon et l’Allemagne à revenir aux Jeux. Oslo avait accueilli les Jeux d’hiver.

En 1956, c’est Melbourne, pour l’Hémisphère Sud, qui accueille les Jeux Olympiques d’été, tandis que Cortina d’Ampezzo, la très chic station italienne, reçoit les Jeux d’hiver. L’Autrichien Toni Sailer y réalise un festival. En Australie, de nombreux boycottent ternissent les Jeux. La crise hongroise, suivie par l’invasion de Budapest par les chars soviétiques, provoque le boycott de l’Espagne, de la Suisse et des Pays-Bas. Face à ce mouvement, le président du CIO se montre impuissant, tout comme face à la crise du canal de Suez. Dénonçant la présence d’Israël, trois pays boycottent les Jeux australiens: l’Irak, l’Egypte et le Liban. Quant à la Chine, elle quitte Melbourne en voyant que le drapeau de Taïwan est hissé au milieu de ceux des autres nations.

En 1960, Rome accueille les Jeux. La Ville Eternelle, chargée d’Histoire comme peu de villes (Athènes, Istanbul ex-Byzance et Constantinople, Jérusalem ...), vient d’accueillir trois ans plus tôt un sommet marqué par la signature du traité donnant naissance à la Communauté Economique Européenne. Mais, sortie vaincue de la guerre en tant qu’alliée de l’Allemagne, l’Italie n’échappe pas à son passé mussolinien. La victoire stupéfiante du coureur éthiopien Abebe Bikila, sous l’Arc de Constantin, au terme du marathon, rappelle tristement que c’est face à la colline de l’Aventin quele Duceavait lancé les troupes italiennes pour envahir l’Abyssinie, en 1935. Les Jeux d’hiver sont organisés aux Etats-Unis, à Squaw Valley.

En 1964, Tokyo accueille les Jeux. Le capitale japonaise a admirablement relevé la tête, deux décennies après la fin d’un conflit qui a laissé l’archipel nippon exsangue. Pour la première fois, l’Asie est l’hôte des Jeux. Le nageur américain Don Schollander lamine l’opposition, dressant la guillotine à quatre reprises, pour autant de médailles d’or. Le judo fait son apparition à cette occasion, dans son pays d’origine. Frôlant le monopole dans cet art martial, le Japon voit cependantl’idole nationalebattue par le Néerlandais AntonGeesink.La ville autrichienne d’Innsbruck est l’hôte des Jeux d’hiver.

En 1968, les Jeux font halte à Mexico. Quelques mois après le décès de Martin Luther King, la cause noire défendue par le pasteurfait irruption aux Jeux, par le biais de Tommie Smith et John Carlos, qui lèvent le poing face à la foule du stade Aztec sur le podium du 200 mètres. Sportivement, c’est le saut irréel de Bob Beamon, 8.90 mètres, qui restera gravé dans la mémoire collective ... Un deuxième saut, en hauteur, marque les esprits, l’Américain Dick Fosbury révolutionnant sa disciplinepar unetechnique novatrice.A Grenoble, pour les Jeux d’hiver, Jean-Claude Killy s’offre trois médailles d’or.

En 1972, c’est au tour de Münich de recevoir les Jeux Olympiques d’été. Clé de voûte d’une Europe tournée vers la paix, la RFA effectue son retour dans le concert des nations par ce biais, processus consolidé en 1973 par l’entrée de la RFA (et de son voisin, la RDA) à l’ONU.
Mais l’attentat de Septembre Noir, groupe terroriste palestinien, sur des sportifs israéliens, laisseront de ces Jeux un souvenir funeste.

En 2006, Steven Spielberg décrira la traque parun commando secret duMossad des terroristes de Septembre Noir dans son film Münich. La poursuite a pour cadre l’Europe entière, d’Athènes à Paris en passant par Rome ou Amsterdam.

Ironie du destin, en 1972, c’est un athlète juif, l’Américain Mark Spitz, qui banalise l’exploit. S’attirant tous les superlatifs, le nageur prodige accomplit l’impossible, une sorte de quadrature du cercle olympique,ramenant sept médailles d’or et autant de records du monde, une véritable razzia.
Mais les Etats-Unis repartent battus de Münichdans un tournoi de basket sur fond de guerre froide, dépossédés de la médaille d’or par l’Union Soviétique ...

Quelques mois avant Münich, Sapporo avait accueilli les Jeux d’hiver, dont la ville avait été privée pour 1940 suite au conflit sino-japonais.

En 1976, Montréal accueille les Jeux. La grande ville québécoise, deuxième ville francophone du monde, paiera jusqu’en 2000 l’ardoise de ces Jeux où la jeune gymnaste roumaineNadia Comaneci éblouit le monde entier.

En 1980, Moscou obtient l’organisation des Jeux d’été. C’est un succès indéniable pour le Kremlin, contrebalancé par l’organisation des Jeux d’hiver à Lake Placid, sur le sol du rival américain. Lors du tour final du tournoi de hockey sur glace, les Etats-Unis dominent l’URSS dans un match terriblement politique, qui rappelle les joutes échiquéennes entre Spassky et Fischer, sur la terre intermédiaire de Reykjavik, en 1972. Cet exploit américain sera surnommé le miracle sur glace, mettant fin à une série dequatre victoires consécutives de l’URSS en hockey sur glace, sa chasse gardée depuis Innsbruck en 1964. Dans une violente loi du talion, l’Amérique a apposé son sceau sur le hockey mondial, vengeant le souvenir des basketteurs vaincus en 1972 à Münich par leurs rivaux soviétiques ... Le miracle sur glace de 1980 va bientôt laisser place au spectre de la politique.

Mais en Union Soviétique, pour les Jeux d’été, les Etats-Unis et nombre de pays occidentaux boycottent la manifestation, en représailles à l’invasion, fin 1979, de l’Afghanistan par l’URSS. Pris en otage de cette partie d’échecs politique, certains athlètes ratent l’opportunité d’étendre leur domination, tel Edwin Moses, champion olympique du 400 mètres haies en 1976 et 1984, mais absent en 1980. A Moscou, le boxeur cubain Teofilo Stevenson remporte une troisième médaille d’or consécutive dans la catégorie des lourds. Combattant d’exception, il opposera toujours un veto irrévocable à la tentation de passer professionnel, malgré la manne de dollars qui lui était promise.

Cette année là, l’élection de Juan Antonio Samaranch est sujette à controverse. Ancien ministre des Sports de Franco en 1967, le Catalan est le cheval de Troie d’Horst Dassler, le patron d’Adidas qui a déjà façonné le destin politique du Brésilien Joao Havelange à la FIFA, ainsi que celui de Sepp Blatter.

A travers le boycott de l’olympiade moscovite, la dimension politique des Jeux prend une toute autre envergure en 1980, plus encore qu’en 1936 via la propagande nazie de Goebbels. La riposte soviétique ne se fait pas attendre, d’autant que c’est Los Angeles qui est l’hôte des Jeux Olympiques d’été en1984. Carl Lewis sera l’astre roi de ces Jeux, alors que sous l’égide du marquis espagnol Juan Antonio Samaranch, les Jeux se muent peu à peu en gigantesque poule aux oeufs d’or. La ponte massive ne cessera plus ... Sarajevo, dans une Yougoslavie orpheline du maréchal Tito, accueille les Jeux d’hiver.

En 1988, Séoul accueille les Jeux. La Corée du Sud, l’un des Quatre Dragons asiatiquesau même titre que Singapour, Hong Kong ou Taïwan, s’offre une audience mondiale. Le fléau du dopage éclate au grand jour via le déclassement du Canadien Ben Johnson, médaillé d’or sur 100 mètres. Son dauphin Carl Lewis récupère le titre le plus prestigieux des Jeux, tous sports confondus, mais le charme est rompu. En perche, Sergueï Bubka va une fois de plus tutoyerla perfection. Sextuple champion du monde, l’Ukrainien gagne à Séoul sa seule médaille d’or olympique: absent en 1984 pour boycott, médiocre 11e du concoursen 1992, blessé en 1996, moribond en 2000, Bukba n’aura pas le palmarès olympique correspondant à son immense talent.Quelques mois plus tôt, Calgary avait accueilli les Jeux d’hiver.

En 1992, Samaranch impose ses Jeux au monde entier, à Barcelone. Choisie en 1986 au détriment de Paris, la capitale de la Catalogne symbolise le retour d’une Espagne qui a tourné le dos aux années de plomb du franquisme, suite à la mort du Caudillo en 1975. En 1986, l’Espagne a aussi accueilli son entrée dans l’Union Européenne, qui précipitera son développement via une bulle spéculative immobilière dont Benidorm sera un des plus tristes symboles... Et alors que Barcelone accueille le monde sur les hauteurs de Montjuich, Séville est l’hôte de l’Exposition Universelle.
Ces Jeux de Barcelone sont l’occasion pour l’Afrique du Sud d’effectuer son retour dans le cénacle olympique. Deux ans après l’abolition de l’apartheid et la libération de Nelson Mandela, le régime de Johannesburg accomplit sa rédemption par le biais du sport. Ce sera chose faite en 1995 à la Coupe du Monde de rugby puis en 1996 à la Coupe d’Afrique des Nations de football. En Espagne, c’est le basket qui fait la une, tant la Dream Team américaine de Michael Jordan domine de façon insolente les débats. En natation, le jeune Russe Alexander Popovporte l’estocade à Matt Biondi sur 50 mètres, signant le doublé avec une autre victoire sur 100 mètres, la distance reine. Albertville avait accueilli quelques mois plus tôt les Jeux Olympiques d’hiver.

En 1994, les Jeux d’hiver rentrent dans leur propre calendrier. C’est la fin de la convergence entre hiver et été, chacun sera désormais séparé par deux ans d’écart. Lillehammer inaugure ce nouveau cycle hivernal. La ville norvégienne.

En 1996, c’est une autre puissance colossale qui impose sa volonté, quatre ans après celle de Samaranch. Coca-Cola, pour les Jeux Olympiques du Centenaire, permet à Atlanta de devancer Athènes pour 1996. C’est en 1990 que le crime de lèse-majesté a eu lieu, d’autant que les Etats-Unis avaient accueilli les Jeux en 1984. La ville de CNN et de Gone with the Wind accueille des Jeux modernes qui n’ont évidemment plus grand chose en commun avec ceux de 1896, cent ans plus tôt. Symbole très fort, c’est Muhammad Ali, l’homme de 1974, le champion implacable de Kinshasa, qui allume la flamme olympique, lui qui avait jeté sa médaille d’or acquise en 1960 à Rome dans le fleuve Ohio. Si Michael Johnson signe la performance des Jeux avec un époustouflant doublé 200 - 400 mètres, Carl Lewis repousse l’inexorable érosion du temps avec une quatrième médaille d’or consécutive au saut en longueur. Le cyclisme professionnel sur route effectue son retour aux Jeux. L’Espagnol Miguel Indurain, médaille d’or du contre-la-montre, y glane son ultime titre de gloire, lui qui vient de commettre le péché d’orgueil en tentant de conquérir un sixième maillot jaune historique sur les routes de France et de Navarre.

En 1998, Nagano est l’hôte des Jeux d’hiver, où Hermann Maier s’offre deux médailles d’or avec éclat. Le génie autrichien du ski alpin concrétise son immense talent. Le Japon, frappé de plein fouet par une crise économique ayant débuté en 1995 en Asie, accueille les Jeux d’hiver pour la deuxième fois.

En 2000, Sydney connaît l’honneur de clorer un siècle d’olympisme en apothéose. A la cérémonie d’ouverture, la cause aborigène est représentée par Cathy Freeman, qui allume la flamme. Sydney avait devancé Pékin en 1993 au congrès de Monaco. La prouesse de ces Jeux est signée de Pieter Van den Hoogenband. Privant d’Alexander Popov du triplé sur 100 m et Ian Thorpe du titre à domicile sur 200 m, le nageur hollandais montre avevc panacheet brio que ses titres européens d’Istanbul en 1999 n’étaient pas un feu de paille. L’usure du pouvoir a fait son oeuvre pour Popov, tsar à Barcelone et Atlanta.

Les Jeux d’hiver de 2002 à Salt Lake City sont marqués par la paranoïa de la sécurité, quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001 ayant touché les tours jumelles du World Trade Center, à New York, ainsi que le Pentagone. Si Ole Einar Bjorndalen porte au pinacle l’art du biathlon, les Jeux sont orphelins d’Hermann Maier, blessé en moto quelques mois plus tôt. En 2001, Jacques Rogge avait succédé à Juan Antonio Samaranch comme président du CIO.

En 2004, Athènes obtient sa revanche. Coiffée sur le poteau par Atlanta pour 1996, la capitale grecque effectue son retour en grâce. Longtemps décrié, le chantier olympique est finalement prêt à temps. Maudit en 1996 à Atlanta, médaillé d’argent en 2000, Hicham El-Guerrouj finit sa carrière en apothéose à Athènes, signant un somptueux doublé 1500 m - 5000 m dignes des plus grands athlètes du demi-fond. Quant à Michael Phelps, véritable Pantagruel des bassins, il décroche six médailles d’or, alors que Pieter Van den Hoogenbandconserve son titre sur 100 mètres, comme Weissmüller ou Popov avant lui...

Pour 2006, les Jeux d’hiver font escale à Turin, ville de la dynastie Agnelli. La capitale du Piémont, cinquante ans après Cortina d’Ampezzo,

En 2008, Pékin, désignée en 2001 aux dépens de Paris, symbolise l’émergence d’une Chine désormais tournée vers le monde, forte d’une puissance économique redoutable. Les exploits d’Usain Bolt et Michael Phelps marquent cette édition qui a fait débat en France sur la possibilité d’un boycott relatif à la question des Droits de l’Homme au Tibet.

Pour 2010, la question de l’environnement est omniprésente lorsque le Canada, par l’entremise de Vancouver, reçoit les Jeux Olympiques d’hiver. Mais la politique reste sourde à cet enjeu crucial, deux mois après le fiasco retentissant du sommet de Copenhague (décembre 2009).

En 2012, Londres devient la première ville à accueillir les Jeux Olympiques d’été pour la troisième fois.

Sotchi, lieu de villégiature fétiche de Vladimir Poutine, sera l’hôte des Jeux d’hiver de 2014, tandis que Rio de Janeiro accueillera les Jeux d’été de 2016, dans un Brésil en plein développement, au même titre que l’Inde et la Chine, face à une Europe en bout de souffle et des Etats-Unis désireux de conserver leur sceptre quelques années encore.

Que réserve l’avenir? Istanbul, Madrid, Johannesburg, Buenos Aires, New York seront sans doute un jour désignées villes hôtes, tout comme Paris qui retrouvera probablement le feu des projecteurs.

par AxelBorg

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