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Souvenirs

De tout temps et partout dans le Royaume, les personnes de confession juive possédaient leur propre quartier, ce qui leur a permis de préserver leur propre identité, tout en participant librement à la vie du pays et de tous ses habitants.

Cheveux longs, pantalons larges et heures ininterrompues de musique, mais pas n’importe laquelle. Telles étaient les années hippies au Maroc. Dès la fin des années 1960, la ville de Rabat, Tanger et Essaouira avaient déjà une réputation sulfureuse. Il n’était pas rare d’y croiser Jimi Hendrix ou encore les Rolling Stones.

Espiègle et turbulente, je ne réussissais pas toujours à faire mes devoirs, lesquels j’entamais à peine avant d’être gagnée par la fatigue, et de m’assoupir sur mes cahiers. Souvent, le soir venu, ma tante Renée, au retour de son travail, me découvrait endormie, la plume encore entre les doigts tachés d’encre et mes devoirs à moitié accomplis. Elle me prenait alors dans ses bras, m’allongeait sur mon lit, avant de s’asseoir sur ma chaise et compléter le manque de ma besogne scolaire.

Du plus lointain de mes souvenirs, ma mère avait l'habitude de faire ses courses au marché de "Bab Marrakech", à Casablanca. De tous ceux qui existaient dans la ville, qu'ils soient plus ou moins proches de notre habitation, c'est là qu'elle avait choisi de se rendre régulièrement, une fois par semaine.

C’était du temps où l’on trouvait encore des objets intéressants au souk des Vieilleries. Toutes sortes de vestiges des présences juive et chrétienne dans la ville. Un mobilier d’exil déglingué qui conservait dans ses tiroirs des boules de naphtaline ; un mobilier des colonies grandiloquent qui conservait son air de villégiature.

L'ancien roi du Maroc Hassan 2 ( allah yra7mo ) s'exprime sur la laïcité. une réponse qui montre une vision d'un homme musulman très sage et noble.

C'était un homme si haut qu'il était légèrement voûté et n'avait pas toujours besoin d'une échelle pour détruire les belles toiles d'araignées qui dentelaient les plafonds dans la maison lézardée qui donnait sur le Mechouar, l’horloge et le quai des calèches.

La première fois que j’entendis de la bouche d’un rabbin du Maroc que la religion n’avait rien à voir avec la tradition, j’avais eu du mal à comprendre sa portée. Toutes nos attitudes et agissements comptaient, à mes yeux du moins, comme faisant partie de la religion juive.

Dans notre quartier en perpétuel mouvement, chaque arrivée, chaque départ constituait un événement de la plus haute importance. Selon son statut, la famille qui emménageait, qui déménageait, devenait le sujet de conversation favori, sinon unique, pendant des jours et même des semaines. D’où venaient-ils ? Qui connaissait leur famille ?

C'était du temps où l'on était convaincu que ce monde était une vallée des pleurs – même à Mogador ! – et l'autre une salle des banquets où l'on était nourri à la manne et se régalait de léviathan arrosé de vin provenant des raisins du paradis. On était encore convaincu que plus on était pieux et malheureux en ce monde et plus on serait célébré et heureux dans l'autre.

Les Éditions Balzac de Montréal ont le plaisir d’annoncer la double parution du livre de Bob Oré Abitbol, recueil de nouvelles, publiées sous le titre : Le goût des confitures en français et The sock that sang and other stories en langue anglaise.

Bouznika se trouve dans la région de Chaouia-Ouardigha. Elle est située entre Casablanca et Rabat (55km de Casablanca et 35 km de Rabat via l’autoroute).

Etranger parmi les étrangers sommes nous encore plus étrangers que d’autres étrangers  parce qu’à la fois Marocains, Juifs, Français, Israéliens, Canadiens, Américains ?

Lorsqu’on lui demandait : Où est ton oreille, Djeha ? il passait son bras droit par-dessus la tête et, touchant son oreille gauche, disait : - la voilà !

Je devais avoir entre dix et onze ans lorsque je reçu de mon très cher père qui l’avait acheté à vil prix à une vente aux enchères, un projecteur de films à manivelle dernier cri : Une super affaire! Nous vivions encore à la Rue Lusitania, à Casablanca, rue et quartier mythiques alors et qui le sont restés jusqu'aujourd’hui.

Fidèle fouineuse, licenciée-es-fripes, atteinte de la « fièvre acheteuse » aux Chiffonniers d’Emmaüs en France pendant une quarantaine d’année, établie aujourd’hui en Israël, les personnes que je rencontre s’inquiètent de ma santé : « Pourquoi es-tu voutée ? Tu es fatiguée ? Redresse-toi »!

De son vrai nom “Sol Hachuel”, elle est connue sous le nom de Lalla Solica, une jeune judéo-marocaine dont la tragédie est devenue une légende. Elle est une des plusieurs saints juifs respectés par les musulmans du Maroc, et qui lui ont donné le nom de Zoulikha.

Nous n’étions plus des enfants, ou du moins considérés comme tels, durant notre troisième année aux Cours Complémentaires, George et Maurice Leven à Marrakech… La majorité avait réellement murie, affichant une émancipation prétendument accentuée mais qui, en fait, n’était que le fruit de notre soif de l’être.

Il était une fois un roi, qui avait une fille très belle et sur le mur du palais se trouvait l'inscription: Celui qui réussit à faire parler la fille du roi, obtiendra sa main et sera le gendre du roi

Je vais parler ici des cinq années passées à l’Ecole Normale Hébraïque, de Septembre 1959 à Mai 1964, et ce qu’elle a fait de moi. Cet internat n’était  pas une Yeshiva où toutes les études se font en hébreu. C’était une école comme les autres, avec le programme d’éducation du Gouvernement français et en plus il y avait l’hébreu et l’arabe classique.

- Tu considères comme prématuré qu'un jeune quitte le domicile parental à l'âge de 30 ans 
- Il y a toujours un verre de plus sur le plateau pour thé ou café. 

Nous habitions dans une petite ville tranquille du Maroc, près de la côte, dans un quartier où il y avait une grande mosquée et des écoles arabes. Notre maison était un rez-de-chaussée sans étage. Maman, restée veuve très jeune, y a élevé neuf filles.

La mer nous la sentions bien avant de la voir. C’était un parfum de sel,  de soleil et de sable aussi. Un mix  enivrant de vacances, de rencontres, de farniente, de frites, de calamars, de poissons frais et aussi plus tard  dans la journée de beignets chauds à la confitures.

Je t’écris pour t’annoncer mon arrivée. Oui, c’est décidé. Je pars. Cette décision, tu peux l’imaginer, n’a pas été facile. On ne quitte pas son pays, un pays que l’on aime, sans déchirements, sans pleurs, sans se retourner une dernière fois. Et j’aime ce pays chaleureux, hospitalier, qui est celui de mes parents et des parents de mes parents.

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